TEST – Ghost of Tsushima, une ôde au Japon

TEST – Ghost of Tsushima, une ôde au Japon

TEST – Ghost of Tsushima, une ôde au Japon

TEST – Ghost of Tsushima, une ôde au Japon C'est bien ?

UN DERNIER HAÏKU RÉUSSI
4.3

En deux mots :

Enivrant et doté de paysages somptueux, Ghost of Tsushima offre à la PS4 un dernier titre à la qualité rare. Toutefois, il est à prendre pour ce qu’il est : un titre contemplatif empli de l’amour du Japon de ses créateurs, loin des trames narratives et enjeux politiques complexes.

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Ghost of Tsushima est un jeu vidéo d’action en monde ouvert développé par Sucker Punch et édité par Sony. Le jeu est sorti le 17 juillet 2020 sur PlayStation 4. Il s’agit de la dernière grosse exclusivité de la console de Sony.

L’action se déroule en 1274 (époque Kamakura) au Japon, plus précisément sur l’île de Tsushima, l’une des îles les plus proches du continent chinois et de la ville coréenne de Busan. L’histoire s’inspire de l’Histoire réelle du Japon, tout en se permettant quelques libertés scénaristiques nécessaires.

Personnellement, Ghost of Tshushima est un titre que j’ai énormément attendu. Il y a un peu plus d’un an, las d’attendre la sortie du jeu, je me suis réfugié dans le premier titre dédié à la tradition japonaise : j’ai nommé Sekiro: Shadows Die Twice. Ainsi, bien qu’il soit en réalité très difficile de les comparer, je n’ai, instinctivement, pas réellement pu m’en empêcher.

Ah le plaisir de voir les mouvements du vent dans les herbes…

Une histoire puissante ?

Non. Voilà. À l’image de son protagoniste, Jin Sakai, un des derniers samuraïs de l’île de Tsushima, l’histoire du jeu n’est tout simplement pas inoubliable. Crevons l’abcès tout de suite. À l’exception de quelques scènes particulièrement puissantes qui se font assez rares, le jeu ne séduira donc pas – du moins au premier abord – par son synopsis incroyable. Pour cause, si le jeu est sorti quelques semaines seulement après The Last of Us Part II, à cause d’un calendrier chahuté par un contexte complexe, la comparaison ne met clairement pas le titre de Sucker Punch à son avantage.

Loin de la trame narrative impressionnante et des personnages profonds présents dans le dernier The Last of Us, Ghost of Tsushima peine à offrir des personnages développant plus de quatre émotions. Et encore, avec un bon filtre Instagram. Toutefois, bien que l’envie de comparer ces titres soit forte, ce serait en réalité une grosse erreur car, dans leur essence même, ceux-ci ne souhaitent en aucun cas proposer une expérience similaire. En effet, Ghost of Tsushima prend le parti ni de s’appuyer sur une narration complexe, ni sur des personnages trop hauts en couleur, mais plutôt sur son amour pour le Japon, le vrai.

Toshihiro Nagoshi, créateur de la série des jeux Yakuza s’est même exprimé à ce sujet : “En fait, c’est le genre de travail fait par un studio occidental qui montre qu’ils sont encore plus japonais que nous. C’est tout simplement incroyable. Nous pensons souvent qu’ils ne pourraient jamais faire certaines choses propres à notre culture, mais ce jeu prouve que nous avons tort.”

Épique, non ?

Une ode au Japon

Bien que Ghost of Tsushima ait été développé par Sucker Punch, un studio américain, il n’en reste pas moins chez ce titre un amour et un respect fou pour la tradition nippone. Preuve en est : si le jeu n’a clairement pas misé sur sa réalisation lors des cinématiques, cut scenes aux animations presque ringardes, l’accent a assurément été mis sur ses paysages. Ne vous y trompez pas, une fois monté sur votre cheval et prêt à arpenter les collines, vallées et temples de l’île, le jeu s’avère être d’une beauté sans nom.

Fort de ses décors, c’est plus encore l’ambiance qui surprendra dans Ghost of Tsushima. Loin de l’onirisme d’un Sekiro: Shadows Die Twice, les paysages de l’open world – tout aussi dingues soient-ils – explosent de réalisme et donnent une impression de “ça devait vraiment être comme ça”. Évidemment, l’île réelle de Tsushima n’offre pas autant de décors et de singularités. L’île ici créée a donc bien été imaginée pour combler les fantasmes des passionnés du Japon. Et c’est précisément sur ce point qu’il faut attendre le jeu. En témoignent ses nombreux détails forts de sens. Je pense par exemple au mode cinéma, symbole d’un amour pour la culture pop et celle des films de samuraïs en noir et blanc à l’ambiance si particulière.

D’ailleurs, il est important de noter qu’aucun jeu à ambiance ne peut vraiment être réussi sans une direction artistique soignée. Ainsi, si le jeu choisit d’offrir des plans à couper le souffle, il offre également un mode photo – probablement le plus complet qu’il m’ait été donné de voir – et surtout le plus réussi. Impossible de rater le moindre cliché tant les options sont nombreuses. Viennent également s’ajouter à cette direction artistique aux petits oignons une bande son exceptionnelle et une panoplie de bruitages qui frôlent la perfection.

Finalement, s’il y a bien quelque chose qui frappe avec ce Ghost of Tsushima, c’est que le personnage qui semble avoir mérité le plus d’attention lors du développement, ce n’est pas Jin Sakai, mais la nature elle-même, réel deuxième personnage principal du jeu. Or, tout fan sait à quel point la nature peut avoir une place important dans la culture nippone. À mon sens, Sucker Punch – qui est un studio relativement modeste par sa taille, rappelons-le – a ici fait des choix totalement justifiables et preuves de la qualité de leur engagement.

Allez, c’est beau quand même !

Des inspirations, des apprentissages

Si le titre n’a pas manqué de montrer son amour pour la Japon, il puise sans gêne ses inspirations auprès des plus grands titres comme The Legend of Zelda : The Wind Waker, offrant au joueur la possibilité de jouer de la flûte pour changer la météo (et non la direction du vent ici). Le vent a d’ailleurs une place toute particulière dans Ghost of Tsushima puisque c’est précisément lui qui remplacera la mini-carte faisant office de GPS. Pour savoir où aller, vous n’aurez qu’à suivre le vent. Si la fonctionnalité ne semble pas forcément pratique ou intéressante, elle permet en réalité une immersion totale dans l’expérience.

La seconde inspiration de taille serait The Legend of Zelda : Breath of the Wild puisque le jeu offre offre non seulement un open world aux découvertes sans fin, mais surtout dont la progression peut se faire au rythme du joueur. Il est alors possible de suivre les missions à son envie, dans l’ordre qu’il souhaite. Le jeu pousse alors le joueur à être curieux, à vouloir comprendre pourquoi une ferme est en feu, à secourir des paysans en détresse, etc. Ainsi, l’écran du joueur n’affiche que peu d’informations, laissant encore une fois plus de place aux paysages et à la nature japonaise. Enfin, une dernière inspiration pourrait être celle des classiques du RPG comme The Witcher 3 : Wild Hunt ou encore de la série des Assassin’s Creed.

Permission de se baigner : accordée !

Assassin’s Creed Tsushima ?

Après son amour pour la culture et les paysages japonais, le second point marquant lorsque l’on joue à Ghost of Tsushima réside en son gameplay, la place laissée à l’exploration, son open world et ses quêtes secondaires. Finalement, le jeu ne donne-t-il pas un aperçu de ce que donnerait un Assassin’s Creed au Japon ? Bien sûr que si, mais pas que. Et pour ma part, cela fait presque 10 ans que j’attends qu’un Assassin’s Creed prenne place dans cet univers onirique.

Toutefois, à l’instar d’un Assassin’s Creed, il faut bien avouer qu’avec Ghost of Tsushima, les missions s’enchaînent, se ressemblent et pourraient presque finir par lasser. Heureusement l’histoire et sa myriade de quêtes secondaires sont sauvées in extremis par un gameplay très propre qui n’a pas à rougir face aux plus grands.

Ainsi, si l’on retrouve le même plaisir qu’avec un Assassin’s Creed Origins ou encore un Assassin’s Creed Odyssey à parcourir, découvrir, se balader ; Ghost of Tsushima se distingue par son environnement particulièrement agréable et soigné et par un gameplay réellement différenciant. Au-delà de la carte esthétiquement très réussie, des événements à découvrir comme les kitsune (renards), les oiseaux à suivre pour découvrir des zones cachées, les temples cachés, les armes légendaires, les combats de démons, les onsens à découvrir ou encore les phases d’écriture de haïku, ce sont réellement des innovations de gameplay qui imposent Ghost of Tsushima comme petite merveille.

Côté combats, oubliez les potions de vie, Ghost of Tsushima vous proposera de reprendre votre énergie grâce à votre motivation, votre vigueur. Celle-ci est alors modélisée sous forme de boules que l’on débloque suite à de nombreux entraînements exercés sur des branches de bambou. Assez vite, il sera indispensable au joueur de surveiller sa vie, faute d’une difficulté (modifiable à tout moment) assez relevée, sans ne jamais l’être trop. Nous restons à des kilomètres d’un Sekiro, n’ayez crainte.

Côté gameplay toujours, le jeu vous proposera assez rapidement de maîtriser quatre postures à débloquer au fur et à mesure de votre progression et permettant d’adapter votre style de combat à l’ennemi auquel vous devez faire face. Ce point rend le gameplay complet, mais moins complexe à apprendre qu’un Nioh 2 car il permet au joueur d’apprendre à son rythme.
Si les combats peuvent apparaître comme brouillons sur les premières heures, une fois les techniques apprises, ils deviennent non seulement plus lisibles mais surtout très jouissifs et permettent de tuer un ennemi en un, en deux ou trois coups seulement, à l’instar d’un réel samuraï.

Les duels sont techniquement plus difficiles que les affrontements classiques de mongols ou de bandits !

Samuraï ou shinobi : il faut choisir ?

Oui. Enfin non. Pas vraiment. Je m’explique.
Si le jeu vous permet bien de choisir votre style de jeu offrant deux approches totalement différentes, il ne vous sera pas réellement demandé de faire un choix. Ainsi, à tout moment, il vous est possible de choisir l’approche la plus adaptée face à une situation. Le choix entre la voie du samuraï, le bushidō, ou celle du fantôme, en tant que shinobi, ressort finalement plus du role play que d’un réel impact sur le jeu. J’ai par exemple choisi dans ma première session de jeu d’incarner un samuraï, déclarant les affrontements plutôt que d’attaquer, tel un ninja, dans le dos de mes ennemis (stratégie payante au demeurant si vous avez le bon timing lors des affrontements). Pourtant, le jeu m’a tout de même imposé la voie du shinobi à plusieurs reprises lors de phases de sauvetage d’otages par exemple. Ainsi, si le choix de la tactique à adopter face à un affrontement vous est laissé la majeure partie du temps, il reste tout à fait possible de passer de l’une à l’autre. Pour cause, les techniques de samuraï, ainsi que les techniques de Ghost, peuvent se débloquer ensemble.

On pourrait alors regretter qu’un vrai choix ne soit pas présent. Peut-être aurait-il été plus intéressant que le jeu nous demande réellement pour quelle voie opter via une barre d’honneur impactant vraiment l’évolution du personnage dans le jeu. Pour ma part, ce point n’est aucunement bloquant, mais alors que le lancement du jeu s’est accompagné d’une communication très tournée vers cette dualité entre honneur et infiltration, je trouve que cet aspect du jeu est finalement – une fois manette en mains – mise au second plan.

Mon avis

Ghost of Tsushima ne brille ni par son pitch, ni par les expressions de ses personnages. Parce que ce n’est tout simplement par son but. En effet, le jeu est à déguster sur le long terme comme une sucrerie à la sauce nippone dotée de paysages à couper le souffle dans lesquels il faut avoir envie de se perdre encore et encore. Grâce à sa direction artistique sublime et à son univers riche, le petit dernier des studios Sucker Punch brille parmi les plus grands titres faisant honneur à la culture japonaise et à son histoire. Profiter de Ghost of Tsushima, ce n’est même pas réaliser une mission ou terminer l’histoire mais monter sur cheval et se résigner à ne pas galoper pour profiter, ne serait qu’un peu plus, à l’univers et à son onirisme naturel. On ne peut malheureusement regretter qu’un peu plus de mise en scène dans les missions principales et secondaires.

On s’arrête et on regarde.
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