La franchise BIONICLE a vingt ans. Ces jouets iconiques lancés en décembre 2000 qui ont tenté un reboot en 2015, ont marqué les esprits tant par les figurines articulées à construire elles-mêmes, que par une intrigue et un lore incroyable.
Les jouets mythiques des années 2000
Bionicle, c’est en quelque sorte un accident industriel heureux, qui a accouché d’une œuvre de fiction d’une ampleur inégalée pour le genre, née de l’idée du groupe LEGO de créer une réponse à la déferlante Pokémon ayant secoué le milieu du jouet à la fin des années 1990. C’est aussi l’histoire d’une licence pionnière en termes de stratégie transmédia, issue de la volonté du fabricant d’avoir son propre Star Wars ; un univers riche auquel s’attacher et pour lequel rien n’arrête la soif de collectionner (et surtout sans royalties à reverser). En la matière, Bionicle n’y est pas allé de main morte : comics, livres, jeux vidéo, cartes à jouer, films d’animation et contenus exclusifs à découvrir sur Internet… Si toutes ces choses nous semblent naturelles à notre époque pour vendre des jouets et populariser un univers, lorsque Bionicle a débarqué en 2001, cela tenait presque de la révolution.

À l’époque, on découvre six héros biomécaniques (donc pas des robots ; ils ont des organes, oui monsieur) appelés Toa, arrivant aux abords d’une île tropicale perdue au milieu d’un océan infini, maîtrisant tous un élément de la nature : le feu, l’eau, la terre, l’air, mais aussi la glace et la pierre. Chacun est équipé d’un masque Kanohi leur donnant d’autres pouvoirs encore. Ils sont amnésiques et ignorent leur destinée, permettant aux fans de découvrir le monde mystérieux dans lequel ils vont être plongés au fur et à mesure de leurs aventures, avec, à la clé, un effet immersif permanent. Leur mission après avoir rencontré les sages Turaga qui dirigent les villages de l’île de Mata Nui : délivrer ses habitants appelés Matoran du perfide Makuta, qui a endormi le Grand esprit dont l’île porte le nom, depuis plus de 1000 ans.

Une œuvre de fiction titanesque
Malgré cette intrigue a priori simple, à travers différents médias dont les romans, les concepteurs de Bionicle vont développer un univers et une multitude d’intrigues d’une remarquable complexité, pour ce qui était censé n’être qu’une gamme de jouets. Explorant des mondes souterrains gigantesques sous la surface d’année en année, les Toa et les habitants de l’île découvrent ainsi leur genèse au fil de leurs rencontres avec de nombreux ennemis, alliés, créatures et factions diverses dans leur quête pour réveiller le Grand esprit. S’offrant même un prequel de 1000 ans en arrière dans la cité ultra-futuriste de Metru Nui qui était en fait leur monde d’origine, les personnages de Bionicle vont affronter successivement les essaims de Bohrok, les araignées Visorak, les mercenaires Piraka, les seigneurs de guerre Barraki ou encore la Confrérie des Makuta, dont l’antagoniste d’origine n’était en fait qu’un grand manitou parmi d’autres. Certains de ces noms vous disent quelque chose ? C’est que vous avez sans doute joué avec au moins l’une de ces figurines (et qu’un bout de votre enfance ou adolescence a donc forcément été cool). À l’arrivée, la première génération de Bionicle, c’est au total plus de 300 personnages, et on ne vous parle même pas du bestiaire.

Dessinant un univers fictif de 250 000 ans de civilisation, et différentes temporalités explorées au fil des vagues de figurines commercialisées chaque année, le monde de Bionicle ne s’est pas construit dans l’improvisation pour autant. Preuve en est l’œuvre romanesque qui totaliserait à elle seule près du million de mots en français. Ce faisant, fin 2008 l’épopée aboutit à un rebondissement d’une folle intensité prévu en réalité dès l’origine. Le réveil du Grand esprit de la saga est en effet l’occasion d’une révélation qui a bouleversé les fans de la première heure, alors devenus ados ou jeunes adultes : Mata Nui est en fait l’univers tout entier autour de nos héros. C’était un robot cosmique de la taille d’une planète, abritant les mondes rencontrés par les Toa et les Matoran dans leurs périples, sous forme de nombreux dômes possédant leurs propres mers, îles et continents. Ce géant céleste était englouti sur une lune aquatique depuis un millénaire dans la fiction, lorsque LEGO dévoile sa nature véritable, après bientôt une décennie durant laquelle le secret avait été farouchement gardé par le groupe.

Des films d’animation épiques
Mais Bionicle, c’est aussi quelques films d’animations qui ont bercé l’enfance de beaucoup. Les trois premiers forment une trilogie produite par Miramax que l’on doit notamment à Henry Gilroy, connu aujourd’hui pour être le co-producteur de la série Star Wars Rebels disponible sur Disney+. Ces films réalisés par le studio Creative Capers étaient limités par la politique de LEGO en matière de non-violence côté scènes d’action, mais ce sont de petites pépites de créativité en ce qui concerne les décors et l’âme visuelle de l’univers des Toa. BIONICLE : Le Masque de Lumière sera le premier d’entre eux, suivi de BIONICLE 2 : Les Légendes de Metru Nui, et de BIONICLE 3 : La Menace de l’Ombre. Loin d’être tombés dans l’oubli malgré la 3D qui a un peu vieilli, il se murmure depuis 2018 que le compositeur de la bande-originale symphonique des films, Nathan Furst, travaillerait à un projet de ciné-concert consacré à la franchise. Celui-ci a même sorti des albums de la BO des films en version remastérisée, disponibles depuis 2017 sur toutes les plateformes de streaming.

En 2009, un quatrième film est sorti aussi directement en DVD, produit cette fois par Universal Studios, baptisé BIONICLE : La Légende Renaît, et devait amorcer une nouvelle trilogie. Manque de bol, il n’aurait pas pu choisir pire titre, puisque la ligne de jouets et la franchise s’arrêtèrent l’année suivante en 2010, s’essoufflant après dix ans de succès. On y découvrait alors une nouvelle planète, celle des Glatorian, où l’esprit de Mata Nui échoua après avoir été – attention spoiler – banni dans l’espace par le Makuta qui parvint à prendre sa place en tant que Grand esprit, au moment du réveil du robot-univers. Le règlement de compte final grandiose ne se fera visuellement qu’à travers les comics de DC, confiés alors à Pop Mhan (Batgirl, The Flash, Warcraft…).

Des jeux vidéo et des fans
Toute franchise populaire auprès d’un public jeune a de bonnes chances de se voir adaptée en jeux vidéo. Bionicle n’a pas fait exception. Dès le lancement de la gamme de jouets, c’est avec des jeux en ligne sur Bionicle.com tel que Mata Nui Online Game développé par Templar Studios et ceux sur GameBoy Advance, que l’histoire va notamment se raconter. En réalité, c’est un jeu PC qui aurait dû sortir en premier pour accompagner le démarrage en 2001, mais il fut annulé peu avant. Cependant, c’était sans compter sur la besogneuse communauté des fans, dont un groupe a obtenu et achevé la programmation initiale du jeu dans une version sortie en 2019 !

Les jeux vidéo suivants, pourtant censés être les plus ambitieux puisque sortis sur consoles de salon, ne furent plus de réels vecteurs de l’histoire en plus d’être d’une qualité relative. BIONICLE The Game, édité en 2003 par EA Games pour accompagner le lancement du premier film, suivait encore à peu près l’histoire officielle. Il est d’ailleurs aujourd’hui l’objet d’une autopsie de la part d’un passionné qui en a dévoilé des contenus inédits. Son successeur BIONICLE Heroes édité cette fois par Eidos, bien que construit autour des personnages principaux de son année de sortie en 2006, fit plus office de FPS récréatif dans l’univers Bionicle. Le jeu permettant d’affronter les principaux antagonistes et vilaines bestioles des années antérieures, est malgré tout lui aussi l’objet d’une forme de fétichisme de la part de fans, puisqu’une communauté de moddeurs lui est même dédiée depuis 2020.

Et les fans sont peut-être plus que jamais l’avenir de la franchise en matière de jeux vidéo. En avril dernier, une bande-annonce bluffante d’un jeu réalisé par des fans dans la clandestinité depuis six ans, a fait du bruit sur la toile, et a reçu le soutien de l’ex-directeur artistique et co-créateur de Bionicle, Christian Faber. Si certains craignaient que le jeu soit désavoué ou attaqué par LEGO, son promoteur Crainy a annoncé au contraire que des discussions avaient eu lieu depuis avec la marque, pour encadrer la légalité et la non-profitabilité de ce fan-made, afin que le projet puisse poursuivre sa route.

Un univers plus accessible que jamais
Au-delà des films ou des jeux, l’épopée Bionicle arrêtée en 2010 est racontée à travers pas moins d’une cinquantaine de comics édités par DC, une trentaine de livres et des séries en ligne, dont l’auteur principal Greg Farshtey a d’ailleurs donné récemment une interview exclusive au site français Bionifigs.fr. Et s’il n’était pas facile d’être au fait de toute l’histoire pour les enfants dont vous étiez peut-être à l’époque, puisque ces médias n’étaient pas toujours traduits en français, sachez que le lore de Bionicle n’a jamais été aussi accessible qu’aujourd’hui.
Le wiki encyclopédique Nuvapedia.fr compte en effet plus de 3000 pages pour découvrir l’étendue de la saga en français, grâce à une communauté de fans qui ont œuvré comme des fous à sa réalisation ! Alors si vous aussi vous êtes nostalgiques, n’hésitez pas à vous replonger dans cet univers épique, souvent méconnu même de ceux qui ont joué avec les figurines étant gamins, et à nous dire en commentaire quels Bionicle vous aviez ou possédez toujours ! Car comme disaient si bien les pubs télé de l’époque : « La légende continue… ».
Article rédigé par Exo-6, rédacteur en chef du site Bionifigs, pour My Geek Actu.
NDLR : il s’agit d’un article invité et non d’un article sponsorisé. La rédaction de My Geek Actu a souhaité partager avec vous ce contenu de grande qualité afin de se remémorer ensemble de bons souvenirs autour de l’univers de Bionicle. N’hésitez pas à découvrir le site si vous souhaitez en savoir plus !