Rock of Destruction est un seinen horrifique dédié à un public averti

REVIEW – Rock of Destruction, ou la pierre maudite

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REVIEW – Rock of Destruction, ou la pierre maudite

REVIEW – Rock of Destruction, ou la pierre maudite C'est bien ?

Rock of the dead
3.5

En deux mots

Un seinen violent mais efficace en un seul tome.

Rock of Destruction (en VO 絶滅石) est un manga de type seinen thriller fantastique imaginé et dessiné par Norihiko Kurazono. Le manga a d’abord été publié au Japon sous forme de trois chapitres prototypes en 2016, puis en 2019 en mini-chapitres dans un mensuel chez Bunka.
Le seinen est finalement arrivé en France le 20 mai 2021 aux éditions Omaké Books.

Un pitch rapide, efficace mais terrible

Milo est une jeune étudiante. Lorsque Kent, beau gars baraqué lui propose de le rejoindre, lui et une bande de potes, pour fêter l’arrivée des vacances d’été, Milo est d’abord sur la retenue. Finalement, prête à se lancer à l’aventure et à profiter de la vie, elle s’embarque dans le van du jeune homme aux côtés d’autres étudiants qui ne se connaissent pas forcément. À l’affiche : Milo, Herman, Mace, Kent, Robin, Drill et d’autres joyeux lurons. Leur destination ? Une ville lointaine tristement connue pour avoir vécu un massacre quelques dizaines d’années plus tôt. Bien que la tension soit en train de monter, Milo tente de garder son calme.

Enfin arrivés jusqu’à une sublime villa, les jeunes adultes font la rencontre de Mace, le fils du propriétaire des lieux. Milo et Mace vont profiter de leur arrivée pour se dégourdir les jambes et marcher près de la jetée, la mer n’étant pas loin. C’est alors qu’une vieille femme vient les prévenir : ce lieu est maudit et ils doivent fuir avant qu’il ne soit trop tard.

Ça commence comme un mauvais film d’horreur

Mais Milo est venue pour se détendre. Tout comme Driss d’ailleurs. D’ailleurs, tous – même s’ils sont venus souvent pour de mauvaises raisons, tentent de se détendre. Malheureusement, le projet de certains garçons s’avère bien plus sombre puisque leur principal objectif n’est autre que de droguer les filles pour pouvoir les violer. Chouette week-end.

Lorsque Milo se réveille en petite tenue allongée sur un lit, Robin entre et lui fait comprendre ses intentions. Heureusement pour la jeune fille, un cri retentit dans la maison dans laquelle ils se trouvent : un de leurs compagnons vient de se faire tuer. Milo se remémore alors les paroles de la vieille dame rencontrée quelques heures plus tôt : le lieu est maudit. Et en dehors de la villa, ce sont des dizaines de monstres qui cherchent désormais à tuer les jeunes adultes, jusqu’au dernier.

Monstre principal dans Rock of Destruction par Katsuuu

Un manga horrifique de série B

Pour commencer, parce que vraiment, il faut le dire : Rock of Destruction commence comme un film de série Z. Gros nanar annoncé, le pitch même de la bande de potes qui ne se connaissent pas et qui partent pour une ville ayant connu un massacre par le passé ne peut que nous rappeler les plus mauvais scénars. À la fois très violent et parfois ridicule, le titre tend à proposer une histoire ambitieuse sur fond de malédiction ancestrale, tout en parsemant sa narration d’éléments plus grossiers.

Si quelques vraies références à l’horreur, aux mangas du genre, sont faites, c’est toute la culture de l’horreur de seconde zone qui est ici honorée. D’ailleurs, j’ai noté quelques clins d’oeil à Shingeki no Kyojin (L’Attaque des Titans) vers la fin du manga. J’ai aussi reconnu un dessin parfois proche de celui d’Ajin dans les scènes de violence. Cependant, c’est surtout l’imaginaire créatif des films de série B à la Scary Movie qui est ici exploité. En témoigne le rythme effréné de la narration : alors que le manga fait plus de 200 pages, la lecture de celui-ci se fait facilement en moins d’une heure.

Toutefois – et si cet aspect a pu être emprunté aux classiques du petit écran horrifique – l’exploitation de certaines scènes m’ont dérangé. Je pense notamment aux quelques scènes de viol ou de tentatives. À mon sens, elles n’ajoutent pas grand chose à l’expérience. D’ailleurs, l’aspect WTF de ce schéma répétitif tend plus que jamais au ridicule lorsque l’on se rend compte que même les monstres cherchent à violer les jeunes femmes. Parfois ridicule, parfois gênant. Pas forcément utile.

Le Rocher de la Destruction

Attention le passage qui va suivre va comporter quelques SPOILERS sur l’histoire du manga. Si vous n’avez pas encore lu l’oeuvre, je vous invite à passer directement au sous-titre suivant.

Là où selon moi le manga tire vraiment son épingle du jeu, c’est sur son mythe. Le Rocher de la Destruction aurait été envoyé sur Terre pour que la Lune puisse mettre les humains à l’épreuve. En effet, le manga s’appuie sur deux théories scientifiques. La première est celle de l’évolution. Le Rocher ferait alors office d’accélérateur d’évolution et pousserait les humains à s’entretuer. Ainsi, suite à une sorte de battle-royale à l’échelle d’une ville entière, une portion de l’humanité est mise à l’épreuve. L’objectif ? Qu’il n’en reste qu’un. Pourquoi ? C’est là que ça devient complexe, et pas forcément très clair.

Attaque filles Rock of Destruction Avis Katsuuu

La théorie de la singularité

Le mangaka, Norihiko Kurazono, explique dans sa préface avoir pensé longtemps à son histoire. Intrigué par la théorie de la singularité, il a finalement décidé d’écrire Rock of Destruction. Selon cette théorie, les performances informatiques et technologiques progresseraient à une vitesse exponentielle dans les années à venir. Finalement, ce rythme en permanente accélération rendrait le développement de nos civilisations imprévisible, extrêmement rapide et donc incontrôlable. C’est en cherchant à contextualiser de façon plus mystique ou fantastique que Norihiko Kurazono a alors imaginé son oeuvre.

Et si, en l’espace d’une nuit, l’espèce humaine vivait cette singularité, que se passerait-il ? Comment exploiter tout le potentiel romantique, épique, mais aussi horrifique de cette théorie ? C’est à cette question que le manga propose une réponse. Si celle-ci est parfois maladroite, force est de reconnaître un réel travail de recherche et une idée pour le moins aussi atypique qu’efficace.

Un dessin plaisant, un univers assumé

Si le trait de Rock of Destruction est souvent simple, il offre un détail juste nécessaire à ce que l’émotion puisse diffuser. Pour cause, les scènes d’action sont souvent simples, les bulles assez aérées. Ce style, très direct, se retrouve dans le texte. Les échanges sont succincts et se passent de fioritures. Le plaisir de lecture en est alors, je trouve, décuplé. Cela ajoute au demeurant un rythme très soutenu qui atténue l’aspect horrifique, tout en s’appuyant intelligemment sur la théorie de la singularité. Lorsque les films d’horreur jouent sur la tension, sur une montée en puissance du non-dit et souvent de ce qui n’est pas montré, le titre, lui, s’empresse d’avancer.

Pour en revenir au dessin, si celui-ci est souvent fin mais simple, on note malgré tout un soin particulier apporté aux monstres. Ceux-ci sont très réussis. S’ils sont rarement originaux, ils font mouche et apportent un univers graphique puissant au manga.

Mon avis sur Rock of Destruction

Rock of Destruction est une histoire complète de 228 pages qui se dévorent à une vitesse folle. Si la profondeur du titre repose sur une théorie scientifique pour le moins intéressante, le traitement “série B” est parfois haletant, parfois agréablement ridicule, mais aussi quelques fois gênant.

Le manga n’est clairement pas adapté à tout type de public car certaines scènes peuvent paraître violentes, aussi bien physiquement que psychologiquement.
Pour un public averti, Rock of Destruction est un seinen qui se lit particulièrement bien. Sa forme “sans prise de tête” met intelligemment en exergue son fond plus profond et offre une expérience pour le moins intrigante.

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