REVIEW – Fruits Basket

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REVIEW – Fruits Basket C'est bien ?

UNE BIBLE DU SHŌJO
5

En deux mots :

Œuvre indémodable et surtout incontournable, Fruits Basket est un chef-d’œuvre de la culture manga, à découvrir et redécouvrir absolument.

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Fruits Basket est un manga shōjo scénarisé et dessiné par les soins de Natsuki Takaya (Twinkle Stars, Ceux qui ont des ailes), lancé en 1998, au Japon. Composée de 23 tomes à l’origine en France (et 12 volumes dans sa version Fruits Basket Perfect aux éditions Delcourt / Tonkam), l’œuvre est une véritable référence manga, qui fait partie du Panthéon des shōjos au même titre que le cultissime Nana. Une suite sous forme de spin-off, Fruits Basket another, a vu le jour en 2015 et conte les aventures de nouveaux personnages dans le lycée Kaibara, lieu iconique du manga original.

Le trio iconique : Yuki - Tohru - Kyo

Bien sûr, fort de son succès retentissant, le manga a eu droit à une première adaptation anime, en 2001, avec le studio DEEN (Ranma ½, Vampire Knight) à la production. Celle-ci, malheureusement, ne couvrait pas le manga dans son intégralité, au grand dam de nombreux fans. Mais 18 ans après, surprise : la maison d’édition de Fruits Basket, Hana to Yume, annonce un remake de l’anime, cette fois produit par le studio TMS Entertainment (Detective Conan, orange) et qui proposera des graphismes rafraîchis, plus modernes.

Cette nouvelle série comptera 3 saisons pour un total de 63 épisodes. Alors que la première saison s’est achevée en septembre dernier, la seconde démarre très bientôt, le 6 avril prochain. En France, l’anime est disponible sur Wakanim et ADN. À cette occasion, nous vous proposons de faire un retour sur le chef-d’œuvre de poésie et de nostalgie qu’est Fruits Basket.

Le pitch

Alors qu’une tragédie familiale vient de la frapper, Tohru Honda, 16 ans, se retrouve à vivre seule dans une tente. Lorsque son modeste logis est découvert par le mystérieux clan Soma, elle se retrouve soudain à vivre avec Yuki, Kyo et Shigure. Mais elle découvre rapidement que la famille cache un secret des plus étranges : lors d’une étreinte avec une personne du sexe opposé, ils se transforment en créatures du zodiaque chinois !

Des protagonistes profondément humains

Au-delà des traits enfantins de l’auteure, qui soit dit en passant, s’améliorent au cours du récit, Fruits Basket ou Furuba pour les intimes, conte l’histoire à la fois belle et tragique d’un large panel de personnages aux personnalités complexes. On a tout d’abord la jeune Tohru, récemment orpheline et livrée à elle-même. En dépit de sa situation peu enviable, et même terrible, la lycéenne demeure joviale, bienveillante et positive.

Alors qu’à ma première lecture, à 13 ans, je manquais cruellement de considération envers elle, la jugeant naïve et insipide, aujourd’hui je la perçois comme quelqu’un de foncièrement courageux et surtout, d’admirable. En effet, le personnage de Tohru est, en réalité, très nuancé puisque sous son côté candide, se cache une part bien plus sombre, bien ancrée en elle. Et elle n’est pas la seule dans ce cas dans Fruits Basket.

Première rencontre entre Kisa et Tohru

Ce qui fait la réussite de ce shōjo, c’est le sens du détail apporté aux personnages dans leurs descriptions passée et présente. Chaque membre des douze et globalement, chaque protagoniste de l’histoire, a droit à son chapitre, si ce n’est plus. Ils ont, à un moment ou à un autre, tous connu des traumatismes irréversibles, allant du harcèlement scolaire à l’exclusion, jusqu’à la haine pure et simple de leurs parents.

Si l’origine de leurs blessures diffère, ainsi que leurs réactions, tous sont unis par la même peur : celle de se retrouver seul, abandonné. Fruits Basket met en exergue ce sentiment des plus humains avec une ribambelle de personnages “maudits” qui ne demandent qu’à s’en sortir. En témoigne la diversité des personnalités du manga, qui se retrouvent dans le malheur et la solitude, mais aussi dans le bonheur et l’espoir, symbolisée ici par l’opposition des personnages d’Akito et de Tohru.

On est tous des onigiri

Plus qu’un manga, un shōjo, Fruits Basket est une véritable leçon de vie, qui dispose d’un côté sombre que l’on n’imaginait pas au départ. Comme son nom l’indique, le manga présente un méli-mélo de personnages qui interagissent entre eux, enfermés dans leur petit monde. Les rapports entre eux, uniques et variés, évoluent, qu’il s’agisse de liens fraternels, amicaux, de rivalité, ou amoureux. Ainsi, le “triangle amoureux” cliché qui semblait se dessiner autour de Tohru, avec Yuki et Kyo, disparaît progressivement au fil des chapitres, pour donner lieu à deux types de relations bien distinctes.

Tandis que la romance entre Kyo et Tohru se développe effectivement petit à petit, de manière naturelle, celle entre la jeune fille et Yuki se transforme en relation mère-fils. À l’inverse, la relation conflictuelle opposant Kyo à Yuki est d’autant plus belle que tous deux se ressemblent finalement beaucoup. Natsuki Takaya, à travers son œuvre, met en avant les différents types d’amour que les personnages peuvent s’apporter entre eux, et combien, justement, le monde peut être grand.

La rivalité entre Yuki et Kyo fait des étincelles

Fruits Basket, c’est aussi un manga poétique qui confronte une bonne partie de ses protagonistes à la découverte des sentiments adolescents : jalousie, sentiment d’oppression, premiers émois amoureux, le sens de l’amitié… Ajouté à cela leur mal-être individuel, et vous tenez des lycéens plutôt réalistes (hormis le fait que certains se transforment en animaux ou contrôlent des ondes, bien entendu).

Comme énoncé précédemment, certains souffrent de blessures que l’on retrouve dans notre société, comme le harcèlement subi par Kisa à son école, la violence parentale exercée sur Rin, ou encore la rupture psychologique et ses conséquences comme le révèlent les tristes histoires de Momiji et d’Hatori. Chaque lecteur peut se reconnaître dans ces récits, et c’est probablement pour cela que le manga fait figure d’œuvre majeure du genre shōjo.

L’espoir fait vivre

Cette expression populaire prend tout son sens dans ce manga, et non pas de façon ironique comme elle est souvent employée. L’arrivée de Tohru dans la famille Sôma est un bouleversement pour les deux parties. Alors que la jeune fille vient de perdre sa mère, la génialissime Kyoko, omniprésente dans ses pensées, elle retrouve espoir en intégrant une nouvelle famille. La famille Sôma, et particulièrement ce fourbe de Shiguré, voit en elle l’opportunité de briser la malédiction qui les fait tant souffrir. C’est par cette rencontre, anodine en apparence, que tout va changer.

Elle va avoir un profond impact chez les membres de la famille, mais aussi indirectement auprès des proches de ceux-ci. Au fil des chapitres, on voit les personnages progresser, évoluer à leur rythme grâce à la graine d’espoir que Tohru a placée en eux.  Les liens qui s’effritent entre les personnages, membres de la famille Sôma ou non, sont en relation avec les non-dits et les quiproquos. La persévérance et la pureté de Tohru aident à réparer ces liens, puisqu’elle apprend aux personnages à affronter les handicaps qui leur sont imposés, afin d’avancer. Décidément, on a tous besoin d’une Tohru auprès de soi.

Momiji, un personnage très émouvant

Le scénario de Fruits Basket est très bien ficelé. Des premières pages aux dernières, très émouvantes. Alors que l’œuvre se compose de 23 tomes, l’auteure ne s’est pas perdue en chemin et a offert à ses lecteurs un manga d’une grande qualité. Le ton, tout à tour comique et dramatique, est géré d’une main de maître. La série est plus que magnifique, elle est grandiose. Les protagonistes comme les lecteurs passent par toutes les émotions, et en cela, le shōjo est, une nouvelle fois, excellent.

Et ce nouvel anime, alors ?

Redécouvrir Fruits Basket sous la forme d’une nouvelle adaptation anime aux traits plus moderne, est bienvenu. Inespérée pour de nombreux fans, frustrés par la fin de l’anime de 2001, la série adaptera l’intégralité de l’œuvre de Natsuki Takaya. Cela donne du baume au cœur de retrouver des personnages qui ont marqué l’adolescence de beaucoup de lecteurs, ainsi qu’une certaine nostalgie. C’est également l’occasion pour les nouvelles générations (aïe !) de découvrir ce classique du shōjo.

Aussi, le remake a deux sens de lecture : quand on connaît déjà l’œuvre, ou quand ce n’est pas le cas. Quel que soit le point de vue, on constate que la nouvelle animation est propre, efficace bien que perturbante en terme de chara-design pour les fans de la première heure. Mais on s’y fait aisément. Si j’aurais apprécié qu’ils reprissent les mêmes seiyus que pour l’adaptation de 2001, les nouveaux se débrouillent globalement assez bien. Côté son, les deux openings sont plutôt bons mais n’arrivent pas à faire oublier le tendre For Fruits Basket tandis que les endings retransmettent la douceur et le calme de la série.

Sacré Ayamé

Si la comparaison entre les deux adaptations anime est inévitable, il est important de regarder cette nouvelle version avec un regard objectif. Concrètement, le remake est de très bonne facture et respecte fidèlement le manga. Les scènes s’enchaînent avec fluidité et élégance. On retrouve l’ambiance originale de l’œuvre, à savoir paisible. Mais cette fois, bonne surprise, la production a ajouté de courtes scènes supplémentaires, qui ne sont pas dans le manga : bien placées et subtiles, elles permettent d’approfondir le caractère émotionnel de certains passages du manga et surtout, de les expliquer.

Par ailleurs, quelques clins d’œil sont glissés dans l’anime plus tôt que prévu et ravira les passionnés, qui les reconnaîtront immédiatement. Alors, c’est un fait, le remake manque parfois de dynamisme et le ton y est moins humoristique que la précédente adaptation. Malgré tout, il reste tout à fait correct et les instants clés ont su être correctement adaptés, avec un OST parfaitement approprié. Ce nouvel anime est réussi, avec des épisodes chargés d’émotion qui parlent à tous. Je vous le garantis, à peine la première saison terminée, vous n’aurez qu’une envie avant la suivante : relire tous les tomes.

Mon avis sur Fruits Basket

Fruits Basket est un de mes premiers mangas, et aussi un de mes premiers amours. J’ai donc une profonde tendresse pour lui. Redécouvrir cette histoire à travers le remake me rappelle pourquoi, et surtout combien j’aime les shōjos. On y trouve de la joie et de la peine comme dans tous les mangas, à un détail près. La narration des sentiments et les émotions qui s’en dégagent. Comme on l’apprend dans le manga, l’inéluctable doit arriver : toutes les bonnes choses ont une fin. Et l’adieu aux personnages de Fruits Basket me donne toujours autant les larmes aux yeux qu’à ma première lecture, quelques années en arrière.

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