Quand le manga fait d’une pierre deux coups !
Dr. STONE (ドクターストーン) est un manga de type shōnen, créé en 2017 par le mangaka Boichi et le scénariste Riichiro Inagaki, et prépublié dans le fameux magazine Weekly Shōnen Jump.
En France, c’est Glénat Manga qui distribuera le premier tome à partir du 4 mars 2018. Au Japon, déjà 4 tomes sont sortis.
Faisons les présentations
Alors que Taiju, un lycéen tokyoïte, souhaite déclarer sa flamme à l’élue de son cœur (Yuzuriha), celui-ci est victime d’un phénomène mystérieux : en une fraction de seconde, l’humanité entière est transformée en pierre. Des milliers d’années plus tard, à force de persévérance et de solidité mentale, Taiju parvient à se réveiller. Mais très vite, il se rend compte qu’il n’est pas le seul à s’être réveillé. En effet, son ami de lycée, passionné de sciences et de technologies, Senku, est déjà debout depuis quelques temps.
Ensemble, ils décident de rebâtir la civilisation et de trouver un remède au fléau qui les entoure. Très vite, ils vont réussir à réveiller leur premier humain, Tsukasa, un combattant hors pair. Mais voilà, celui-ci ne perçoit pas les choses de la même façon que Senku et ne souhaite pas réveiller toute la civilisation, seulement les personnes “pures”… Rapidement, le manga tourne à la course contre la montre avec pour objectifs de sauver Yuzuriha et l’humanité.
Un pur shōnen
Au-delà de son histoire totalement épique et assez impressionnante, le manga réussit en quelques pages seulement à me faire rentrer dans le vif du sujet avec un personnage pourtant totalement cliché du genre shōnen. Mais pourtant, ça prend. Ça prend même sacrément bien.
Difficile dans Dr. STONE de dire quel est le personnage principal. En réalité, Senku et Taiju forment un duo détonant. Alors que Taiju représente la volonté et la force physique, Senku est quant à lui un personnage beaucoup plus réfléchi et conscient. Surtout pour un adolescent.
Entre les pages qui se suivent et se lisent à la vitesse de la lumière, les problèmes s’enchaînent et pourtant, nos deux acolytes semblent sans cesse trouver des réponses à leurs questions, des solutions à leurs problèmes. D’autant plus que le manga tout entier est rythmé par un humour omniprésent particulièrement senti dans les dessins. C’est succulent.
Un shōnen sérieux
Ce qui fait pour moi tout l’intérêt de Dr. STONE, c’est qu’au-delà de son format shōnen facile à lire, le manga soulève des sujets durs dignes d’un vrai seinen. En effet, si ici les personnages sont des adolescents de 17 ans environ, le passage à l’âge adulte se fait finalement rapidement lorsqu’ils se réveillent et ont plus de 3700 ans. D’ailleurs, les personnages, forts dès le tout début, savent être sérieux, posés et réfléchis. Sans être ni trash, ni gore, le manga soulève pourtant des sujets sérieux comme l’écologie ou encore le pouvoir de vie et de mort. Je développe.
Très vite, nos deux personnages, en situation de danger, réaniment un troisième personnage : Tsukasa Shishio. Celui-ci, réelle force de la nature, se rend rapidement compte d’un triste fait : de leur vivant, les humains ont pris possession de la Terre mais n’ont finalement réussi qu’à la détruire. Selon lui, tous les humains ne méritent pas de vivre. Tous ne se valent pas. Alors pourquoi tous les réveiller ? Pourquoi ne pas faire le tri ? Eh oui, comme dans Death Note, à la place de Light, Tsukasa a le pouvoir de façonner l’humanité à sa volonté. S’ensuit alors une multitude de questionnements.
S’ensuit alors un autre sujet fondamental, l’écologie. En effet, plongés dans un monde post-apocalyptique qui m’a immédiatement rappelé celui d’Horizon Zero Dawn, dont le destin du futur est intimement lié au passé, nos héros se retrouvent dans un monde où la nature a repris ses droits. Quel mal l’Homme a-t-il fait à la planète ? En général, les mangas (comme une grande partie de la culture nippone d’ailleurs) mettent en avant la nature, avant l’humanité souvent même. Or, dans le cas présent, il en est autrement.
Une œuvre moderne
Dans Dr. STONE, et c’est très rare, la thématique de l’écologie est prise à l’envers. En effet, si Tsukasa, l’antagoniste donc, voit dans l’apocalypse une façon de repenser l’humanité, il s’agit surtout pour lui de rendre la pureté du monde à la nature. Le narrateur, à travers les personnages de Taiju et de Senku, nous présente les choses de façon différente : il faut sauver l’humanité, tout entière, coûte que coûte. Il s’agit de la seule chose “excitante”.
D’un autre côté, Dr. STONE, c’est aussi une histoire d’amour ma foi classique, proche de La Belle au Bois Dormant. Taiju, amoureux de Yuzuriha, va tout faire pour la réveiller. Bon… on aurait pu imaginer un inversement des rôles, ça aurait été sympa. Mais non. Pas grave. Ce qui m’a bien plu, c’est la façon dont les deux protagonistes se voient rapidement comme de nouveaux Adam et Eve modernes. Sauf qu’ici, il n’y a pas de fruit défendu ou encore de sexualité puisqu’il ne s’agit que de deux amis. Et c’est frais.
Mon avis
Une œuvre très moderne, très intelligente, bien ficelée, qui ne perd pas une seconde et où chaque planche se concentre sur l’essentiel tout en proposant une œuvre ultra facile à lire, toute bercée d’humour ? C’est Dr. STONE. Pour moi, clairement un coup de foudre de ce début d’année.