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En deux mots :
Le jeu événement des bagnolards de chez Polyphony Digital de 2022 est-il à la hauteur des attentes ?
Oui.
User Review
0 (0 votes)1998. PlayStation premier du nom. J’avais 10 ans. En plaçant minutieusement la galette dans la console dans un silence n’ayant d’égal que notre impatience, mon frère et moi-même étions sur le point d’assister à la cinématique d’introduction de Gran Turismo. C’est alors que tout autour de nous se figea, le vrombissement des moteurs et le crissements des pneus nous amena droit vers le jeu vidéo qui décuplera notre passion des machines à quatre roues et de la course automobile.
25 années plus tard, j’essaie de transmettre cette passion à ma descendance, une pizza large représente deux repas pour moi, Gran Turismo fête son quart de siècle d’existence et en sort le septième du nom, depuis le 4 mars 2022 et exclusivement sur PS4 et PS5.
Bien que je ne dispose malheureusement ni de volant et ni de pédalier branchés à ma console, Gran Turismo 7 propose de rentrer dans le monde de la course automobile sur circuit et d’en savourer les victoires comme les défaites, et ce même uniquement manette PS5 en main. C’est le moment de renouer avec un genre qui se faisait désirer sur la génération de consoles actuelle de Sony : la simulation de course automobile.

Un opus qui tombe haptique
Disponible sur PS4 et PS5, la version de la dernière mouture est celle qui profite au mieux des avancées technologiques de la console. Ray-tracing, 4K, HDR et 60 images par seconde, il y a visuellement du progrès comparé au titre précédent : Gran Turismo Sport (PS4 uniquement). Les améliorations, peut-être peu perceptibles pour l’œil profane, agrémentent d’un confort visuel plus que bienvenu pour un jeu qui demande précision et fluidité en course, et qualité graphique une fois hors du cockpit.
Les fonctionnalités les plus intéressantes concernent l’usage des capacités haptiques de la manette PS5 : celles-ci aident énormément à ressentir une interprétation de la conduite sportive sous la forme de vibrations et de résistance dans les gâchettes. Informant avec assez de précision les joueurs à la manette (comme moi) d’éléments tels que la perte d’adhérence en accélération ou le blocage des roues au freinage, données cruciales autrefois physiquement imperceptibles, l’expérience de jeu n’en est que renforcée et devient plus instinctive une fois que l’on en prend le pli.
Avec cette batterie de nouveautés découlant de la manette high-tech, Gran Turismo répond adroitement à une question épineuse des jeux de course automobile en général : pourquoi deviner des sensations si on peut les ressentir ?

Par des passionnés, pour des futurs passionnés
Ouvrant le bal avec une cinématique d’intro célébrant l’histoire de l’automobile, Gran Turismo 7 se targue d’en exposer sa culture de manière décomplexée et accessible. Le ton est clair d’entrée, le jeu ne souhaite plus se cantonner qu’à la course et s’ouvre même à la vulgarisation du champ lexical de l’automobile avec un grand A.
Très vite, nous sommes amenés à une nouveauté de la série : le Gran Turismo Café, fil rouge de la progression solo et d’anecdotes sur les nombreuses marques majeures représentées dans le jeu. Ce lieu principal propose de prendre le joueur par la main pour le familiariser avec le contenu du jeu dans un premier temps. Par la suite, le café permettra d’enchaîner les épreuves avec une difficulté crescendo pour enrichir la collection de voitures.
“Collection de voitures” car ici le but est simple, obtenir un maximum de voitures différentes tel un bibliothécaire avide d’ouvrages. Les moyens pour y parvenir sont divers : les gagner suite à des compétitions ou des défis, les tirer avec des tickets de loterie ou bien évidemment via l’achat avec les crédits du jeu. Seulement, il n’est pas possible de les revendre pour en tirer un prix. En effet, il n’y a pas de gestion budgétaire à proprement parler si ce n’est le dédier à l’achat, à l’entretien et l’amélioration des bolides. Garnir son garage permet à terme d’en apprendre davantage sur chacune d’entre-elles à travers des fiches individuelles.

On prend les mêmes et on recommence ?
Depuis Gran Turismo premier du nom, la jouabilité de la série a toujours été un équilibre particulier entre la conduite arcade et la simulation. Assez de simulation pour aborder les critères de pilotage pointus demandés en jeu et assez arcade pour rester accessible auprès de toutes les audiences. Alors que ce cocktail a évolué à travers les âges, la philosophie reste la même pour le plus grand bonheur de toutes et tous. Proposant un large spectre d’assistance au pilotage, il conviendra à chacun de placer son curseur sur les aides à la conduite pour obtenir l’expérience de jeu qui lui correspond.

Les modes de jeux iconiques signent leur grand retour, avec l’incontournable Permis Gran Turismo qui propose d’affiner les compétences de pilotage ou encore les Missions qui permettent de prendre part à des courses contextualisées, de la plus loufoque à la plus sérieuse. Montant évidemment en difficulté, ces deux sections du contenu solo pourront occuper une bonne partie du temps de jeu avec le Gran Turismo Café.
Histoire de se détourner quelques temps des modes classiques, Gran Turismo 7 réintroduit les courses de rallye sur terre, les épreuves de drift et les drag races. Différents des courses habituelles, ces styles de compétitions restent anecdotiques dans l’univers Gran Turismo et ne jouissent pas de la même qualité de traitement que le contenu principal et souffrent de bugs qui ternissent la jouabilité. J’aurais préféré pour ma part que cet investissement d’énergie de la part des développeurs soit déportée sur le contenu solo, qui au final peut paraitre un peu maigre si on ne s’attarde que sur le contenu scénarisé.
T’as le look coco !
Pour couper de l’intensité du pilotage et du vacarme de pistes, Gran Turismo 7 excelle dans son autre facette qu’est la photographie. Quoi de mieux pour se reposer le ciboulot que de poser dans des environnements variés et partir en séance photo ?
Que l’on y connaisse quelque chose en photographie ou pas, Polyphony Digital a mis l’accent sur la facilité de produire en quelques instants des clichés dignes de photographes professionnels en quelques boutons. Figer un moment particulier d’une rediffusion de la course que l’on vient de terminer pour obtenir une image depuis un angle extravagant, choisir parmi un vaste spectre de décors tirés du monde entier pour créer la scénique subjectivement la plus attrayante, paramétrer l’appareil photo et l’imagerie, … les possibilités à disposition sont infinies !
De mon point de vue, il s’agit ici d’un véritable exploit technique et fonctionnel de permettre au grand public de générer des images en 4K proches du photoréalisme depuis une console de salon. Il est bon de rappeler que ce genre d’image de synthèse nécessitait, il y a quelques années, des ordinateurs et des connaissances expertes, et bien plus que 5 minutes pour obtenir ne serait-ce qu’un seul rendu.
Dans la continuité de partage de la passion de l’automobile, le jeu dispose de sa propre plate-forme d’exposition d’images et de rediffusions de course réalisées par les joueurs. Le message est clair, nous sommes ici pour exhiber les belles carrosseries, les scénettes dans lesquelles elles peuvent parader, ou même les prouesses techniques des pilotes pairs.
Notre avis sur Gran Turismo 7
L’équipe à la charge du jeu avec Kazunori Yamauchi à sa tête a pris parti d’essayer de plaire à un maximum de joueurs tout en choyant ceux qui attendaient une simulation accessible. Seulement, leur interprétation s’arrête aux limites du grand écart qu’ils ont tenté de réaliser : les joueurs de course arcade s’orienteront vers du Forza Horizon et les puristes resteront du côté d’Assetto Corsa.
Après avoir essuyé moult scandales peu de temps après sa sortie, j’ai préféré attendre la sortie des correctifs avant de plonger dans le jeu (et aussi parce qu’Horizon Forbidden West m’a absorbé, mais c’est une autre histoire). Le test a été commencé sur la version patchée 1.09 et poursuivie jusqu’à la toute dernière version 1.13 à l’heure à laquelle j’écris ces lignes – version loin d’être inutile puisqu’elle améliore le comportement global et le ressenti des véhicules. En plus des correctifs, du contenu solo est progressivement ajouté pour étendre le plaisir de jeu.
La conclusion simple est que Gran Turismo 7 est un jeu de simulation de course automobile de bonne facture, qui a su taper dans la nostalgie et la passion en cochant des cases qui plairont aux joueurs casual comme aux aguerris qui souhaitent ne pas trop se prendre la tête, mais qui laisse à la fois un petit goût d’inachevé et de “reviens-y”.