REVIEW – Sengo, le seinen d’après-guerre

REVIEW – Sengo, le seinen d’après-guerre

REVIEW – Sengo, le seinen d’après-guerre

REVIEW – Sengo, le seinen d’après-guerre C'est bien ?

UN SEINEN PUISSANT ET JUSTE
4.8

En deux mots :

Si le thème de la Seconde Guerre Mondiale au Japon n’est pas forcément quelque chose qui m’attire particulièrement, Sengo réussit à nous plonger dans un contexte très particulier, aux côtés de personnages aussi touchants que hauts en couleurs.

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Sengo (ou en japonais あれよ星屑, Areyo Hoshikuzu) est un manga de type seinen dessiné et écrit par Sansuke Yamada publié en France par Casterman.
Sansuke Yamada est né en 1972 à Tayonaka. Après être diplômé de l’Osaka University of Arts, le mangaka signe des participations de mangas et différentes illustrations pour des supports très variés. C’est finalement avec Sengo qu’il se fait découvrir du grand public.

Le pitch

Décrit par l’éditeur japonais Kadokawa Shoten comme une “bromance dans les ruines de Tokyo”, le manga se déroule en 1946, un an après la défaite du Japon lors de la Seconde Guerre mondiale. Tokutarō Kawashima, un sergent japonais désabusé, démobilisé et vétéran de la Seconde Guerre, retrouve Kadomatsu Kuroda, un soldat bon vivant de première classe, qui a servi dans son escouade.

Le manga débute sur les retrouvailles des deux hommes qui, côte à côte, vont se lier d’amitié, et tenter de se reconstruire malgré le goût amer de la défaite et de l’incompréhension. Vont alors s’ensuivre de nombreuses péripéties aussi amusantes, profondes, que tristes entre marchés de street-food, marché noir, pan pan girls, etc.

Un seinen original ?

Le premier point que l’on note lorsque l’on découvre Sengo, c’est son style. Si le manga prend très naturellement sa place dans la catégorie des seinen grâce à son trait simple mais efficace, les thématiques abordées ne dérogent aucunement à la règle. En effet, si le manga commence lorsque la guerre vient de terminer, son omniprésence et les séquelles qu’elle va laisser derrière elle, donnent un ton puissant à l’ensemble de l’œuvre. Ce sentiment est alors renforcé par le style du dessin qui est propre à Sengo. Inspiré directement des classiques de la bande-dessinée comme Tintin, Blake et Mortimer ou encore XIII, la patte graphique proposée dans le manga rappellera inévitablement un style “à l’ancienne” qui créé un sentiment unique : l’impression que le manga a été écrit directement suite à la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, le manga semble sortir de son état de fiction pour prendre place dans le réel comme une photographie réaliste d’une époque donnée, créant donc un fort sentiment de réalité et de proximité avec les personnages. On y croit. Sans envie d’y être, mais on y croit.

De plus, comme le précise le mangaka, au-delà de sa passion pour cette époque du Japon, son grand-père, qui a fait la guerre, a été une source d’inspiration très importante. Grâce à ses nombreux récits, Sansuke Yamada a pu d’autant mieux retranscrire la réalité de l’époque. Le mangaka a également souhaité rendre hommage à toutes les personnes qui n’ont pas souhaité faire part de leurs récits, qui se sont volontairement tus sur les événements vécus, en leur donnant enfin la parole.

La guerre comme paysage

Si la thématique abordée n’est pas sans rappeler celles de productions comme Le Tombeau des Lucioles, la guerre est ici traitée de façon puissante, ne cherchant aucunement à jouer sur la corde sensible. En effet, dans Sengo, Sansuke Yamada va plutôt se concentrer sur la psyché de ses personnages dotés d’une palette d’émotions à la fois simples, mais terriblement réalistes. D’ailleurs, si le style adopté rappelle volontairement les mangas et BD occidentales de cette époque, il est également intéressant de remarquer que le traitement des personnages suit la même logique. Pour cause, les réactions et mentalités des protagonistes font, sans difficulté, penser à ce sentiment de naïveté et d’innocence si particulier que l’on avait pu découvrir dans la bande dessinée belge, par exemple, et qui donne un charme tout particulier à l’œuvre.

Ce qui est d’autant plus intéressant, c’est que les sujets qui sont ici abordés n’en restent pas moins terriblement cruels. De mon point de vue, la violence de la guerre est d’autant plus accrue, qu’une fois passée, les personnages continuent à souhaiter profiter autant qu’ils le peuvent des petits plaisirs de la vie. Cette volonté quasi-inébranlable dont font preuve l’ancien sergent Kawashima et Kadomatsu n’en est alors que plus puissante et donne envie au lecteur d’apprécier lui aussi – comme pour faire plaisir et pour accompagner les personnages dans leur reconstruction – chaque petit moment suspendu de plaisir.

Mon avis

Sengo est l’un des meilleurs mangas que j’ai pu lire. Tant par sa justesse que sa profondeur, l’œuvre – qui ne pourra décemment pas plaire à tout le monde – ne peut pas laisser indifférent. Personnellement, je ne peux que recommander.

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