LES TÊTES VIDES SAISON 2 : LA SAISON DE TROP ?
En deux mots :
Si la saison 2 de la série Les Têtes Vides se dévore avec presque autant d’appétit que la première, celle-ci perd en saveur à cause d’un pitch moins lisible et d’un ton plus dramatique.
User Review
5 (1 vote)Le 8 mai dernier sortait sur Netflix la seconde saison de la série Les Têtes Vides, ou en anglais The Hollow.
Je peux le dire, la première saison de la série Les Têtes Vides était une réelle surprise. Alors que les premières minutes démarrent telles un dessin animé léger pour enfant, il s’agissait, en réalité, une fois le premier épisode passé, d’une vraie expérience geek aux références nombreuses, au pitch bien pensé, à l’humour très chill et aux personnages très attachants. Pour cause, bien que de nombreux indices soient dispersés ci et là, le gros twist de la saison 1 résidait dans le fait que les trois personnages principaux, Adam, Mira et Kai, étaient en réalité des personnes vivantes dans le monde réel, mais emprisonnées dans un jeu vidéo auquel ils ont délibérément décidé de jouer, mais dans lequel ils perdent automatiquement leurs souvenirs une fois dans le jeu. Ainsi, les trois adolescents qui possèdent des pouvoirs attendus, mais très cool doivent faire face à de nombreuses énigmes dans un monde imaginé directement des grands classiques du gaming et de la culture geek.
Attention, la review qui va suivre comporte plusieurs SPOILERS sur l’intrigue de cette saison 2.
Home sweet home ?
Dès l’ouverture de cette seconde saison, Netflix met le paquet et réussit à recréer le suspens et le besoin du spectateur de comprendre dans quel bourbier nos amis se sont encore fourrés. Ainsi, Adam, Mira et Kai se réveillent dans un endroit qui semble visuellement identique à leur maison, à chez eux. Pourtant, le dessin et leur design reste celui de The Hollow. Ils découvrent alors chacun de leur côté que personne autour d’eux ne connait la société de jeu vidéo The Hollow. Petit à petit, ils vont devoir faire face à leurs propres démons, avançant dans l’incompréhension de leur situation, cherchant à comprendre ce qu’ils font encore dans The Hollow et pourquoi l’endroit dans lequel ils se trouvent ressemble autant à chez eux. Dans leurs péripéties, il vont retrouver des visages connus et découvrir de nombreuses révélations.
Un hommage à la culture geek
Au-delà des classiques zombies, titans de glace, dragons et autres PNJ, cette deuxième saison de la série Les Têtes Vides explore toujours aussi bien les codes des univers geeks qui nous sont si cher. Ainsi, plus que jamais, Hollow Games n’a cessé de me faire penser à Ubisoft, et tout au long des épisodes, des clins d’œil sont dispersés. J’ai par exemple noté des références à A Plague Tale: Innocence, Star Wars: Battlefront, Birds of Prey, Monument Valley, Knowledge is Power (ou équivalent), Les Fous du Volant, Luigi’s Mansion, God of War, Jurassic World ou encore Mad Max.
Mais le plus intéressant dans toutes ces références, c’est que j’ai noté un effort d’organisation. En effet, chaque épisode semble se concentrer sur un type de jeu vidéo. Ainsi, nos personnages évoluent dans un jeu d’aventure et de donjon, puis dans un FPS futuriste multijoueurs, dans un puzzle-game, dans un jeu de quizz, dans un jeu de course, dans un jeu d’aventure viking, etc. On ne peut alors pas enlever ce point à la série : l’amour qui est porté au jeu vidéo et à la culture geek est toujours aussi présent, et ça fait plaisir, car cela fait partie intégrante de l’ADN de la série et de la raison de l’intérêt que l’on lui porte.
De même, la saison 2 a respecté la composition de chaque épisode instaurée dans la première saison qui était :
- nos héros tombent dans un piège et doivent affronter des ennemis,
- ils rencontrent sur un PNJ qui va leur donner une énigme,
- ils devront résoudre l’énigme, puis affronter un boss
La petite différence avec la saison 1 résidera alors dans le fait que les personnages ont évolué et n’ont plus automatiquement besoin d’un deus ex machina pour se sortir des situations les plus périlleuses. Ainsi, la phase “je demande de l’aide” qui doit invoquer le Zarbi n’est plus fonctionnelle, et les personnages vont devoir se débrouiller seuls. Petit à petit, le jeu vidéo devient de plus en plus leur réalité.
Un pitch confus
Si le premier épisode donne le ton d’une saison étrange sous le signe de l’incompréhension, ce sera malheureusement le cas pour le reste des épisodes. En effet, les trois amis vont rapidement retrouver la reconstruction de la société Hollow Games dans la simulation de vie dans laquelle ils se trouvent. Puis, ils vont être renvoyés vers The Hollow, le jeu d’origine avec de nouveaux niveaux, toujours en quête de sens. S’ils pensent d’abord être des bugs, l’histoire nous expliquera par la suite qu’une manigance de la société mère Hollow Games se cache en réalité derrière la présence d’Adam, Mira, Kai et l’équipe de Skeet, Vanessa et de Reeve. Mais du coup, qu’en est-il ?
En réalité, lors des premières parties de The Hollow de nos amis, la société de gaming aurait copié leurs avatars et leurs souvenirs dans une seconde version du jeu destinée à devenir un MMORPG dans lequel n’importe qui pourrait prendre l’avatar d’une autre personne. Ainsi, depuis le début de saison 2, nous suivons les copies des avatars des personnages, alors que les vrais Mira, Kai et Adam vivent tranquillement dans le monde réel. Leurs clones cherchent alors à comprendre ce que représentent leurs vies alors qu’ils ressentent le besoin d’exister. Les protagonistes vont alors tout faire pour trouver de l’aide auprès du Zarbi pour comprendre et trouver un sens à leurs vies.
Globalement, cette seconde saison est moins fluide, plus confuse et clairement moins lisible dans l’évolution de son intrigue toujours aussi geek, mais de plus en plus capillotractée. Ce point est vraiment dommage, car malgré une recette qui fait toujours aussi mouche, la série perd en rythme et perd l’intérêt si puissant que l’on pouvait avoir en regardant la première saison.
De la jeunesse à l’horreur
La première saison se présentait clairement comme une série accessible aux plus jeunes, mais très plaisante pour tout geek à la recherche de divertissement fun. Pourtant, avec cette deuxième saison, Netflix semble changer de cap et prendre résolument la direction d’une série plus mature, plus sombre et posant des problématiques liées au sens d’une vie, de l’humanité, non sans rappeler celles de Detroit: Become Human dans ses fondements. Bien que les protagonistes de saison 2 soient des clones, ne sont-ils pas pour autant vivants ? Parce qu’ils sont numériques, ne peuvent-ils pour autant être réels s’ils ont leur libre-arbitre ? C’est avec ces questionnements que le spectateur fait alors évoluer sa pensée aux côtés des super-adolescents des Têtes Vides face à une société malfaisante souhaitant contrôler la réalité grâce à la technologie. Le pitch m’a immédiatement fait penser à celui de la saga Assassin’s Creed et du lien entre les personnages et la société Abstergo Industries.
De plus, l’ouverture finale vers une troisième saison pose alors clairement ces bases : The Hollow est en réalité une série d’horreur. Pour cause, si les personnages prennent finalement goût à leur vie numérique dans la représentation virtuelle de leur monde d’origine, un bug majeur apparaît et laisse paraître la présence de monstres dans leur nouvelle réalité. Une saison 3 sur la thématique “des monstres dans la ville” proche d’un Jumanji: Next Level, Jurassic Park : Le Monde Perdu ou encore Jurassic World: Dominion semble alors inévitable.
Encore une série Netflix-isée
Je ne vais pas m’étendre sur le sujet, car il reste anecdotique, mais si la première saison posait des personnages intrigants et attachants, la série se concentrait sur son histoire plutôt que sur le passé de ceux-ci (l’amnésie aidant). Dans cette saison 2, il en est autrement puisque le besoin de quotas si cher à la société de streaming est à mon sens trop présent : des parents du même sexe de Mira, aux messages vegan ou encore anti-bullying jusqu’aux sous-entendus d’homosexualité d’Adam, les messages portés par Netflix dans Les Têtes Vides sont nombreux. Attention, ceux-ci ne me dérangent absolument pas, et je considère même qu’il est nécessaire que le divertissement soit porteur de messages forts. Toutefois, je note une omniprésence quasi-systématique et forcée dans l’ensemble des productions Netflix que je trouve “à la longue” un peu lourde.
Mon avis
Si la saison des Têtes Vides est construite de façon moins fluide et moins lisible que la première, les références, l’univers et les personnages attachants nous donnent autant envie d’y revenir qu’elle ne peut nous faire peur pour l’avenir tant on pourrait avoir l’impression qu’elle n’a plus grand chose à raconter. Pour autant, la saison 2 reste très agréable à regarder et les épisodes défilent sans difficulté aucune.