UNE PREMIÈRE SAISON TRÈS CONVAINCANTE
En deux mots :
Entre jeux d’épée, décors sublimes et effets spéciaux particuliers, Netflix nous promet une adaptation de la célèbre série de livre The Witcher. Sans être exceptionnelle, la série remplit sa part du marché. Reste à voir si elle s’améliorera pour les prochaines saisons.
” Toss a coin to your witcher, O’ Valley of Plenty, O’ Valley of Plenty, Oooh oh oh “
Ah, vous en avez marre de l’entendre celle-là, voilà maintenant plusieurs jours que la série The Witcher est disponible sur Netflix et que la voix de Jaskier (Joey Batey) est dans toutes les têtes. Si vous ne vous êtes pas encore lancés dans la série, laissez-moi vous conter pourquoi il est temps de vous y mettre. Et sans spoil, bien sûr.

The Witcher, un cas compliqué…
Avant même que la série The Witcher vienne rajouter un nouveau format à la franchise, The Witcher, c’est 6 tomes écrits depuis 1994 par Andrzej Sapkowski, 3 jeux vidéo développés par la talentueuse équipe de CD Projeckt. Mais c’est aussi un énorme embargo juridique entre ces deux derniers qui semble enfin prendre fin. La saga n’a donc pas attendu le 7ème art pour s’étendre et rassembler des milliers de fans. Netflix partait donc avec une base de fans qui allait attendre la série au tournant et ça n’a pas manqué… Les réactions positives ou négatives ont fusé. J’ai cru discerner trois équipes : la Team Livre, la Team Jeu et la Team “Je ne connais rien à l’univers”, j’ai écouté tout ce beau monde et on va tout décortiquer.
Henry Cavill en Geralt de Riv
Il faut savoir que les jeux de CD Projeckt ne renvoient pas aux livres. Netflix a de son côté les droits d’adaptation des livres et a donc choisi pour la saison 1 de suivre les événements de The Last Wish, le tout premier tome d’Andrzej Sapkowski. Ils n’ont aucun droit sur les designs et scenarii des jeux. C’est ce qui a perturbé les fans de ces derniers qui n’y ont pas retrouvé l’histoire qu’ils y attendaient. Je vais donc essayer de comparer le moins possible les personnages des jeux et les personnages de la série. Au-delà de ces différences, il y a une chose qu’on sous-estime beaucoup lorsqu’on joue, c’est notre impact sur le personnage. Les livres vous mettent dans la tête du héros, les jeux vous mettent dans sa peau. La façon de jouer, de sélectionner les dialogues, les actions, de jouer certaines quêtes impactera toujours le ressenti face au personnage. Et c’est sur cette phrase qu’on va attaquer le cas Henry Cavill.

Je ne vais pas vous mentir quand on a annoncé Henry Cavill en Geralt de Riv, j’ai déchanté. Je n’ai jamais aimé son Superman, le type américain bien coiffé ne m’a jamais attiré et j’ai toujours trouvé son acting très lisse. On lui donnait le personnage très profond que j’avais adoré jouer. Et franchement… C’est loin d’être affreux.
Alors oui, il fait un peu fanboy à qui on aurait accordé le rôle tant rêvé. On sent que l’acteur aime le personnage, qu’il aime la série, qu’il veut jouer son héros. Il crie presque le : “Regardez comme je peux totalement être Geralt”. Cavill force un peu pour prendre une voix bien grave, on touche presque à l’imitation cheap de Batman en VO (on la touche complètement en VF). Mais après quelques minutes, on oublie et on se laisse porter vers ce nouveau Geralt de Riv.
On peut résumer sa palette en 3 “émotions” : je suis agacé, je suis drôle, je suis dans l’émotion. Geralt de Riv, c’est un personnage froid, mystérieux. On se rappelle que les witchers sont vus par la population comme des mutants sans sentiments. Mais à l’intérieur, dans les livres comme dans les jeux, c’est un personnage plein de vie, plein de sentiments. C’est là où Henry Cavill pèche, son jeu n’est presque pas assez gradé pour moi. Lors de la partie agacée, froidement drôle je l’ai adoré (dans sa relation avec Jaskier par exemple), dans laquelle il dose parfaitement son jeu d’un sentiment à l’autre. Mais là où il m’a sorti de la série c’est lors d’une fameuse scène entre lui et Yennefer. C’est un peu trop mielleux à mon goût.
Les personnages secondaires
Alors n’offrir le titre de personnage principal qu’à Geralt, c’est un peu effacer les autres de ma critique. Puisque les épisodes se découpent à travers 3 histoires liées : l’histoire de Geralt, l’histoire de Ciri et celle de Yennefer. Mais leurs histoires ont un point commun : Geralt. On retrouve pléthore de personnages secondaires plus ou moins importants dans la saison 1 et surtout on découvre Ciri et Yennefer (toutes mes excuses à Triss, mais entre le jeu très “parental” de l’actrice et son manque de charisme, elle n’a que très peu d’intérêt à mes yeux).
Cirilla alias le Lionceau de Cintra, interprétée par la britannique Freya Allan, (qui de base avait auditionné pour le rôle de Marilka) se démarque par sa douceur : c’est une enfant dans la série, et la saison 1 a laissé peu de place au jeu de Freya Allan. En effet, constamment en fuite, on la voit forcément effrayée, courant à travers les bois. Mystérieuse presque, plongée dans l’incompréhension face à ses pouvoirs qu’elle ne contrôle pas. Bon… Espérons que son personnage évoluera pendant la seconde saison parce qu’entre ses jolis cheveux blonds et son air constamment effrayé, on touche presque le remake du début de La Reine des Neiges. J’abuse bien sûr. Freya Allan est convaincante, nous verrons ce dont elle est capable.

Anya Chalotra interprète quant à elle Yennefer de Vengerberg. Si ce résultat de casting ne m’avait pas convaincue (son joli minois étant un peu trop doux à mon goût pour jouer pareil personnage), eh bien elle s’en sort vraiment bien. Acide, avide de pouvoir, elle m’a énervée comme jamais. Et c’est tout à fait ce qu’il fallait jouer. On accroche très vite à son personnage, Chalotra a un jeu extrêmement varié, en l’espace de deux épisodes elle a dosé son jeu de manière à me faire passer de : “Oh la pauvre !” à : “Mon Dieu, mais c’est pas possible comment j’ai envie de l’assommer”. Et même si ça ne sonne pas comme un très bon départ, c’en est un.
Mais pour ce qui est des personnages en général, j’aimerais saluer une chose : c’est leur diversité, bien qu’il faut rendre à César ce qui est à César, ou plus à Andrej ce qui est à Andrej. Les personnages sont forts, on a des femmes fortes de tous les types : guerrière, diplomate, politicienne. On a des dilemmes intérieurs, des personnages vicieux, des personnages candides. On a de tout, et surtout on a de l’évolution de personnage.
Mention spéciale à Jaskier joué par le talentueux Joey Batey, qui est clairement mon petit coup de cœur de la série, personnage haut en couleur par le costume comme par la personnalité, il apporte un vent de fraîcheur sur toute cette dark fantasy. Il est drôle, son duo avec Geralt marche mais surtout… Il est musicalement doué. C’est un plaisir de l’entendre chanter.
Bien sûr, on saluera le jeu d’Adam Levy, Royce Pierreson, Myanna Buring, Eamon Farren mais surtout celui de Jodhi May : incarner la reine Calanthe était un défi, elle a largement réussi.
C’est moi ou c’est long ?
Je me plains rarement de la longueur ou lenteur d’une scène mais je suis capricieuse sur le timing. Certaines scènes de dialogue sont longues, particulièrement entre Yennefer et Geralt. Et pourtant… Je suis le public visé par cette partie du scénario et elle me laisse pantoise.
Les épisodes font en moyenne 60 minutes mais auraient pour beaucoup pu être coupés sur un format de 45 minutes. Malgré tout… La série passe très très vite. Je n’ai pas vu passer les 8 épisodes à part les quelques scènes un peu plus longues. J’aurais même apprécié un petit épisode ou deux de plus.
Une réalisation classique, enfin presque…
À part quelques plans de caméra un peu enjoués, on reste sur une réalisation classique, presque banale tout au long de la série. Mais… ces scènes de combat. Je ne sais pas qui on doit le plus remercier entre le chorégraphe ou Henry Cavill qui nous a fait le plaisir de se former à l’épée. C’est rythmé, c’est sanglant, c’est bien cadré, je n’ai remarqué aucune “shaky cam” (ce qui me donne personnellement envie de tuer toute l’équipe de tournage). J’ai presque envie de dire “Voilà Game of Thrones, c’était ça qu’on voulait.” Mais je ne le dirai pas… Parce que ce sont des projets complètement différents qu’il serait idiot de comparer.
Enfin et surtout, c’est du The Witcher, c’est du The Witcher le jeu, c’est du The Witcher le livre. Geralt nous cale même un petit aard cadré de manière à rappeler les scènes du jeu. C’est bien fait. Et rien que pour ça… La série mérite au moins un coup d’œil de votre part.

Un scénario coupé en 3…
En 3 timelines pour être plus précise, 3 timelines qui se rejoignent au fil de la saison. Si lors des premiers épisodes il vous faudra vous accrocher pour tout comprendre, les fils du scénario se démêlent au fur et à mesure des épisodes pour nous tendre une toile compréhensible et une bonne trame pour la suite. Pourtant ce découpage n’a pas été très clair dès le départ de la saison, pas de carton avec les années et les lieux, pas de rappel de date. Presque comme s’il avait fallu que le spectateur le comprenne à travers certaines scènes dans lesquelles on découvre des personnages tertiaires à des âges très différents, ou grâce à des répliques de Geralt.
Loin d’être une surprise désagréable, elle crée chez le spectateur (en tout cas chez moi) une nouvelle vague d’inquiétude face aux situations des personnages. C’était bien joué mais… Certains personnages humains ne semblent pas connaître le vieillissement, alors pour les mutants d’accord. Mais la reine Calanthe aurait quand même pu collectionner un peu plus de cheveux blancs.
Ooohh le joli costume… Oh.. Du… CGI…
C’est la chose qui a le plus fait parler sur Internet ces derniers jours : les costumes et les monstres. Alors oui, je vous l’accorde certains monstres font très cheap, on sent que le budget Netflix vient d’être atteint, que la perruque d’Henry Cavill a coûté cher et que les robes de Yennefer commencent à peser lourd dans la balance. Mais tout n’est pas à jeter…
/!\ ATTENTION CETTE PARTIE CONTIENT PLUSIEURS SPOILS CONCERNANT DES MONSTRES PRÉSENTS DANS LA SAISON 1 /!\
La striga par exemple était tout à fait convaincante, on la sent visqueuse, puissante, dangereuse, au final très palpable. Et c’est ce qu’on peut reprocher justement à des créatures comme le dragon doré (moins bon que le dragon commun) ou au faune. Il va donc falloir que Netflix laisse un peu tomber les jolies lumières et belles robes s’ils veulent contenter plus de monde côté monstres.
FIN DU SPOIL !
Mais c’est vrai, Netflix nous a régalés en termes de costumes. Les robes de l’académie de Aretuza sont sublimes, que ce soit pour les apprentis comme pour Tissaia. Netflix se paye même le culot de faire à cette dernière des robes plus accurate à l’époque victorienne que la série Carnival Row. L’œil aiguisé de votre rédactrice aura quand même remarqué quelques simplicités et quelques budgets raccourcis pour les robes de Yennefer (coucou les cordes de rideaux #épisode8), Triss ou Fringilla.

Là où encore une fois, les costumiers ont péché… C’est un des pantalons de Geralt en milieu de saison. Excusez-moi, mais la cosplayeuse en moi a failli s’évanouir devant ce pantalon en… skaï noir ? C’est un non.
Pour finir sur la partie costume, non. Non je ne parlerai pas des armures des Nilfgaardiens. Déjà parce que Netflix n’a pas les droits du jeu et ne peut donc pas utiliser les designs existants. Alors je sais, ce n’est pas non plus ce que j’aurais choisi. Espérons que la saison 2 viendra soigner ce design très… particulier.
En parlant de la saison 2…
Le 17 février. Voilà, vous le savez. Le 17 février, l’équipe de tournage se retrouvera à Budapest pour commencer le tournage de la saison. Sinon dans les rumeurs qui font plaisir, sachez que sur Twitter des fans ont fait remarquer à Mark Hamill qu’il serait parfait en Vesemir, l’acteur a depuis répondu deux fois :
"I have no idea what this is or what it's about but agree it could/should be played by me." –@HamillHimself #TheWitcher pic.twitter.com/uUl4y4Kbbc
— IGN (@IGN) December 24, 2019
“Je ne sais pas qui c’est et de quoi il en retourne, mais je suis d’accord : ce rôle devrait/pourrait être le mien“
I still have no idea what this is or what it's about, but I DO know they haven't ever asked me to play Vesemir… yet.#CallMyAgent https://t.co/8gZpuwfsMi
— Mark HammyNewYear (@HamillHimself) December 25, 2019
“Je ne sais toujours pas qui est ce personnage mais je SAIS que personne ne m’a demandé si je voulais jouer Vesemir… pour l’instant. #AppelezMonAgent“
Je ne sais pas si ça vous tente, mais clairement chez MGA ça nous plaît !
Mon avis
Je ne vais pas passer par quatre chemins, j’ai bien aimé The Witcher. Sans être la série de l’année ou celle dont j’attendrai le plus la prochaine saison, elle apporte enfin une version cinéma potable à la saga (coucou la série polonaise diffusée en 2001). Les acteurs sont bons et leurs personnages sont travaillés. Les décors sont très beaux, les costumes pour la plupart bien travaillés. On demandera juste à Netflix de mettre un peu plus de budget sur les monstres, d’acheter un nouveau pantalon à Henry Cavill… Et d’avoir Mark Hamill en Vesemir.