LA CLAQUE DE L'ANNÉE ? OUI ET NON.
Résumé
Un excellent film ? Oui.
Un chef d’oeuvre ? Probablement.
Le jeu d’acteur ? Au-delà de nos espérances.
Une bonne adaptation des comics ? Parlons-en…
Joker est un thriller dramatique réalisé par Todd Phillips et sorti le 9 octobre 2019 en France. Le film est une origin story du vilain DC probablement le plus apprécié du grand public : le Joker. Au-delà de quelques débordements inhérents au film aux USA, Joker a été extrêmement bien accueilli par le public comme par la critique cinématographique, ce qui est logique.
Et si on parlait du film différemment ?
Faire un article complet sur le film Joker n’est pas chose aisée, car il faudrait une trentaine de pages et découper l’article en plusieurs parties : la réalisation, le jeu d’acteur, ce qui a été réussi, etc. Mais également aborder ce qui a été tiré des comics et qui permet au film de s’inscrire dans la liste des films de comics réussis, puis ce qui ne colle pas avec les comics. Plutôt que d’écrire douze paragraphes sur combien la réalisation et le jeu d’acteur sont une réussite, ce que bon nombre de sites de cinéphiles auront déjà bien mieux fait que je ne le pourrai jamais, je préfère ici me concentrer sur ma lecture du film et ses liens avec les comics.
Ma volonté à travers cet article n’est donc pas de vous faire croire que le film est mauvais, ce serait tout simplement impossible. Ma volonté, c’est de vous montrer ce qui colle, et ce qui ne colle pas, et ainsi vous donner une autre grille de lecture au film.
Je vous préviens, cet article sera rempli de SPOILERS et sera probablement un peu long.
Une réalisation aux petits oignons, portée par un acteur grandiose
Joker est-il un très bon film ? Meilleur, encore. Le film est extrêmement bien réalisé. Que ce soit dans les cadrages, dans les jeux de lumières, dans les moments de silence, dans la reconstitution d’une Gotham sale et profondément dérangée, la réalisation et plus largement l’univers créé par Todd Philips sonnent totalement juste. Les références à l’art déco, tout comme l’ensemble des indices qui visent à ancrer le Joker dans le réel sont impressionnants de précision. La violence, l’angoisse d’une ville rongée par la pauvreté, par l’écroulement du rêve américain et de la folie qui se propage dans la ville : tout est là. Joker ouvre une nouvelle ère dans les films de comics proposant une esthétique, mais également un fond résolument dark, destiné exclusivement à un public averti. En effet, Joker est plus un thriller psychologique intellectualisé qu’un film de super-héros. Versus les films auxquels nous ont habitués Disney avec Marvel ou même les derniers films DC/Warner, Joker pose les bases d’une nouvelle approche sombre, beaucoup plus assumée, mais également beaucoup plus tournée vers les cinéastes et amoureux du septième art que vers les geeks et amoureux de la pop culture. Pour cause, si le film fait parfois référence à l’œuvre d’origine, elle s’en éloigne très grandement.
Au-delà d’une photographie exceptionnelle, c’est aussi le travail de la musique qu’il faut souligner dans le film Joker. Si elle m’a semblé par moments très inspirée de celle proposée par Hans Zimmer pour The Dark Knight, composée essentiellement de cuivres graves et lourds, elle crée à merveille l’esprit glauque et oppressant qui fait la réussite de l’œuvre. D’un point de vue créatif, j’ai été réellement impressionné par le film.
Joaquin Phoenix, quant à lui, est magistral. L’évolution de son personnage est brillante, monte graduellement et nous laisse penser qu’Arthur, à la base handicapé, tombe petit à petit dans la folie. Pourtant, à la fin, on peut comprendre facilement qu’Arthur Fleck ne devient pas fou avec le film, il l’était déjà au début. Non, en réalité, il s’agit bien plus d’une libération du personnage de son mal-être, de sa maladie, de ses médicaments, voire même de l’emprise que peut avoir la société sur lui que de sa propre folie.
Une origin story
Il faut le dire : créer une origin story sur le personnage du Joker n’a pas de sens. Le Joker n’est pas une personne, c’est une idée. Et si Tim Burton avait essayé de donner un nom à son Joker (Jack Nappier), les comics sont très clairs sur les origines du personnage (à l’exception de Killing Joke qui figure comme un chef-d’œuvre outsider) : il ne doit pas en avoir. À tel point que lorsque Batman s’assied sur la chaise de Mobius (siège du savoir universel) et demande le nom du Joker, celle-ci lui répond : il y en a 3, sans préciser de nom. Nous ne devons pas savoir qui est le Joker. Le film joue alors, parfois habilement, parfois maladroitement, avec l’identité réelle du personnage.
Point intéressant : le réalisme du film. Dans la digne lignée des films très réalistes signés Christopher Nolan, Joker cherche à s’ancrer dans le réel à travers de nombreux clins d’œil. Le problème ? Pour qu’un élément de l’histoire ait l’air réaliste, il faut lui trouver des explications. Prenons un exemple : le rire du Joker qui vient d’un handicap. Cela donne de l’épaisseur au personnage, une logique et permet au spectateur de s’apitoyer sur le sort du vilain, qui le comprend, le justifie. Toutefois, pour quelqu’un de (trop ?) tatillon comme moi, je note que dans les comics – ce pourquoi le personnage a été créé – le Joker ne rit que parce qu’il le veut. Il pousse les gens à rire parce qu’il veut s’amuser. Fin chimiste, il crée des produits qui font rire les gens, car il souhaite que le monde entier rigole à ses côtés. Enfant d’un monde sans espoir, il veut mettre volontairement du rire et de la joie dans son environnement sordide et triste. Ce point est bien traité dans le film, je ne noterai donc que la maladresse de son handicap. Mais ce point est très personnel. D’ailleurs, j’ai beaucoup de difficultés à avaler un personnage de comics, donc profondément cartoon, que l’on essaie de faire entrer dans notre réalité. Je suis un grand fan de Batman, pourtant si je voyais dans Paris se balader un millionnaire bodybuildé déguisé en chauve-souris, je ne pourrais m’empêcher de crier au ridicule. Le Batman, tout comme le Joker, fonctionnent, selon moi, surtout dans leurs propres univers de comics, irréels et cartoon. Mais alors pourquoi cette volonté de réalisme ? C’est très simple : pour porter un message.
Le Joker, ce nouveau héros populaire
Commençons par la première question. Si le film se concentre sur le Joker, où est Batman ? Ne vous y trompez pas, Batman ne sera pas présent, pour une raison simple : Bruce Wayne n’a que 8 ans, et ses parents ne sont pas encore morts. Enfin… Selon moi, cela pose une erreur de sens. Pour cause, le personnage du Joker n’a été créé que pour une seule raison : être le contre-pied du Batman. Alors que Batman est un personnage qui se noie dans une profonde tristesse, il lutte pour le bien. À l’inverse, le Joker, éternel heureux, tend à faire le mal (pas le chaos, le mal), il ne pense qu’à une seule chose : s’amuser.
Mais alors pourquoi repartir du chaos ? Pourquoi ne pas introduire Batman ? Car ce n’est pas ce que voulait le public. Face à l’explosion incroyable de fans qu’a engendrée le film The Dark Knight et l’introduction du Joker de Heath Ledger, les fans du personnage sont devenus légion. Il ne s’agissait pourtant pas totalement du personnage imaginé dans les comics. Mais c’est un autre point. Et si le lien qu’entretiennent le Joker et Batman est plus que fort, il est vital – le jeu Batman : Arkham Knight le montre parfaitement -, le film a souhaité conserver le parallélisme nécessaire et fait le choix de présenter Arthur comme le potentiel demi-frère de Bruce Wayne. Nous reviendrons sur ce point plus tard.
Un autre élément qui m’a gêné dans le lien qui doit exister entre Bruce Wayne et le Joker, et plus précisément une scène qui m’a rendu fou, est celle où l’on voit, à la fin du film, alors que la ville sombre dans le chaos, un homme qui suit la famille Wayne. L’homme s’écrie : “Il est temps de payer !” et tue Thomas et Martha Wayne. Qu’on se le dise, jamais cette scène n’aurait dû arriver. Le meurtre des parents de Bruce Wayne doit être le produit d’un pur hasard, le résultat d’une accumulation de souffrance contre laquelle Batman se jure de trouver une solution. Mais il ne doit en aucun cas être le fruit d’une vengeance personnelle. Mais alors, pourquoi avoir fait cette scène ? Pour montrer que si dans les comics la présence même du Batman crée le Joker, c’est ici l’inverse puisque c’est le chaos créé par le Joker qui amène jusqu’au meurtre du couple Wayne. Je comprends, c’est logique. Mais je n’adhère pas.
Un autre point qui m’a vraiment gêné : faire un film sur un vilain ne peut créer aucun sentiment positif. Le personnage du Joker a été créé pour ne pas être aimé, c’est un méchant. Pourtant, puisqu’il est le personnage éponyme du film, il fallait en quelque sorte en faire un héros, il fallait le rendre sympathique. Il était alors très intelligent d’exploiter une nouvelle facette du personnage, liée à la montée du populisme dans le monde, des sujets actuels comme la crise des gilets jaunes ou encore la volonté de chaos présentée par Ledger comme étendard de l’anti-élitisme et d’un mouvement fort. Mon point ? J’adore le personnage du Joker. Mais pour ce qu’il est. Et non pour une figure héroïque de porte-parole du peuple. C’est donc d’un point de vue encore personnel et par mon attachement au personnage que je ne suis pas conquis. Pourtant, d’un point de vue moins subjectif, je reconnais que le message est extrêmement bien amené et nécessaire. Les personnages de comics ne sont-ils pas présents pour nous faire penser à notre propre réalité ? Évidemment que si, c’était même la première mission de ces personnages que l’on apprécie tant. C’est bien. Je ne suis pas d’accord, mais c’est très bien. À croire que le Joker lui-même aura réussi à me rendre fou…
Un film qui joue à nous rendre fou
Et si, en fait, tout se passait dans sa tête ? Si le personnage demande à sa psy : “Suis-je au moins réel ?”, la question peut être soulevée. Pourtant, ce qui pousse les spectateurs à penser que tout est faux, réside dans un échange a priori énigmatique :
“- Pourquoi riez-vous ?
– Je pensais à une blague…
– Vous voulez me la raconter ?
– Vous ne comprendriez pas.”
Pourquoi ne comprendrait-elle pas ? Il ne faut, en fait, pas chercher de sens caché. Car cet échange fait en réalité écho à une autre phrase du film prononcée par le Joker : “J’ai passé une mauvaise journée” et fait donc référence (chouette, on en attendait) à l’œuvre d’origine, le comic book Batman : The Killing Joke dans laquelle le Joker passe une mauvaise journée, devient le Joker et veut prouver à Batman qu’il n’est pas fou par hasard. Il tente alors de rendre Batman et son entourage fous, leur faisant passer une mauvaise journée à leur tour. À la fin de l’œuvre imaginée par Alan Moore, les deux antagonistes se retrouvent face à face. Le Joker propose une blague à Batman, qui accepte. Événement choquant : Batman, épuisé par le clown, finit par craquer : il rigole. Et alors que les dernières vignettes se ternissent, le Chevalier noir tue le Joker.
Ainsi, quand Arthur Fleck répond à sa psy : “Voud ne comprendriez pas”, cela est un gros clin d’œil fait aux fans. Cette blague, seul Batman peut la comprendre. Or, puisque l’on vient de voir les parents du jeune Bruce Wayne se faire tuer, la création du Batman est en route. Pour le coup, si selon moi cet échange ne laisse pas une très grande place à l’interprétation, elle ressort du génie. Enfin, j’ai l’impression que la réalisation me parle. Et heureusement, le film nous a offert plusieurs belles références.
D’autres belles références ?
Joker est-il un film grand public qui ne s’intéresse pas du tout aux fans de comics ? L’œuvre proposée par Todd Phillips reste “relativement” éloignée du personnage créé à l’origine par Jerry Robinson, Bill Finger et Bob Kane, en 1940. Pourtant, que ce soit côté réalisation ou production (je ne saurais dire), on constate une forte volonté d’offrir aux fans des clins d’œil appréciables, disséminés un peu partout. Le plus simple, c’est qu’on fasse une liste non-exhaustive de quelques-uns de ces points :
- Le Joker n’est personne. Adopté, personne ne sait réellement qui est le Joker. C’est important.
- Le Joker est né dans la rue. C’est un point central.
- Parmi les premières scènes, on peut voir Arthur Fleck se préparer et l’on peut observer le masque de Batman se dessiner sur le miroir, habile. Il fallait le voir, mais habile.
- Le clown amène une arme dans un hôpital et perd son travail à cause de cet impair. Hormis le fait que cette scène serve le scénario (le Joker devait se faire virer pour passer une mauvaise journée), il s’agit aussi de remettre le personnage dans un environnement hospitalier. Or, rappelons-le, il s’agissait d’une scène emblématique du film The Dark Knight de Christopher Nolan.
- Autre clin d’œil similaire : à la fin du film, lorsque le Joker est arrêté par les forces de l’ordre, celui-ci est emmené en voiture de police à travers Gotham. Si contrairement à Heath Ledger, il n’a cette fois pas volé la voiture de police, c’est le peuple lui-même qui le libérera, un message fort.
- Le Joker est un humoriste raté. C’est du moins ce qui a été imaginé dans le comic book The Killing Joke.
- Le Joker participe bien à un show TV. Deux fois d’ailleurs : la première fois dans The Dark Knight Returns de Frank Miller où il en profite pour embrasser une des invitées, autre petit clin d’œil. Autre hommage : Heath Ledger avait lui aussi embrassé une fan jusqu’à reproduire une scène très similaire. La deuxième fois que le personnage du Joker était présent sur une scène de TV, c’était dans Joyeux Noël, Batman, deuxième épisode de la série animée Batman: The Animated Series de mon enfance.
- Autre référence : la typographie qui est utilisée comme logo du show montré dans le film, résolument art déco, est la même qui avait été utilisée pour le logo de la série animée de 1992.
Enfin, dernière petite référence que j’ai remarquée : Frank Sinatra. Vous l’aurez peut-être noté, That’s Life est un titre que l’on peut entendre au moins deux fois pendant le film Joker. Il s’agit d’un titre emblématique sorti en 1966… Alors que le film se déroule dans les années 80 ? Si David Lee Roth a bien ressorti le titre en 1986, ce n’est pas de ce côté qu’il faut chercher. En effet, au-delà du “I’ve been a puppet” qui semble particulièrement adapté au film, il s’agit également d’un clin d’œil à une œuvre dédiée au chevalier masqué : le jeu vidéo Batman: Arkham Knight qui commence également sur un titre de Frank Sinatra intitulé I’ve got you under my skin que l’on peut entendre au tout début du jeu lorsque le corps du Joker est envoyé au four crématoire. Un petit clin d’œil fort sympathique.
Mon avis
Alors que je disais il y a un peu plus de trois ans que le film Batman v Superman n’était, contre toute attente, pas un film destiné au grand public mais bien aux fans du genre, le film Joker prend, de mon point de vue, un angle tout à fait différent puisqu’il souhaite parler au plus grand nombre, tout en ne mettant pas de côté les fans de comics.
Le film Joker est-il pour autant un vrai film de comics ? Peut-être. Mais plutôt que d’y chercher une adaptation fidèle – ce qu’il n’est pas – il faut le voir, pour en profiter pleinement, comme une version alternative du personnage. J’ai du mal à imaginer ce Joker se battre contre un Batman, j’ai du mal à voir ce Joker jouer avec une Harley Quinn, j’ai du mal à concevoir ce Joker tué par Superman, à l’instar de ce que peuvent nous montrer les comics. De mon point de vue, ce n’est pas un film sur le Joker, non. C’est un film qui s’inspire du Joker pour proposer une nouvelle version alternative brillante, là oui.
Enfin, et je terminerai là-dessus, Joker est un très bon film, ne boudons pas notre plaisir : DC a enfin réussi à nous offrir du bon cinéma, profitons-en.
Je pars peut-être un peu loin… Mais et si ?
Joker ouvre volontairement la voie à des choix multiples concernant l’interprétation de certaines scènes. Ainsi, je me suis rendu compte que j’avais – sur un point au moins – une interprétation différente de mes collègues rédacteurs. Le Joker est-il, en réalité, le frère caché de Bruce Wayne ? La question qui est soulevée dans le film, a, au moins un intérêt : malgré l’absence de Batman, elle recrée le lien qui doit exister entre les deux personnages. Pas bête, mais quelque peu maladroit. En effet, non seulement donner une origine au personnage n’a pas vraiment de sens, mais en plus, les deux personnages s’opposent sur un aspect beaucoup plus idéologique et presque métaphysique que juste familial. Créer un lien fraternel casserait tout l’intérêt de la dualité des deux entités.
Oui mais non, en fait ce n’est pas son frère. C’est aussi ce que j’ai cru à un moment. Et j’aurais préféré que tel eût été le cas. Pourtant, en me concentrant sur la réalisation, j’ai remarqué trois choses : 1. On nous dit qu’il est Arthur Fleck. 2. Qu’en réalité, il est le fils illégitime de Thomas Wayne. 3. On nous explique que finalement non, sa mère, folle à lier, a tout imaginé. Pourtant, analysons les faits. Plus tard, dans le film, nous pouvons observer plusieurs choses.
La scène où Arthur lit les documents de l’Asile d’Arkham, a priori très claire. Pourtant, dans cette scène, on assiste à une discussion pour le moins explicite entre Penny Fleck et une tierce personne, soit un avocat, soit un psychiatre expliquant à Madame Fleck qu’elle est folle, que son fils a été adopté. Elle répond alors : “C’est ce que vous voulez que je dise ?”. Je comprends alors que tout est faux. Tout semble à ce moment précis, être la création de Thomas Wayne (ou du moins ses conseillers). En même temps, un enfant illégitime serait très mal vu par la richesse Gothamienne.
Autre point qui m’a marqué dans ce sens : si tout avait été créé par la mère d’Arthur, pourquoi une personne jugée comme folle à lier, dangereuse pour sa propre santé et celle de son enfant aurait été libérée ? Pire, comment aurait pu-t-elle conserver la garde de son enfant ? Puis, en apprenant la réelle identité d’Arthur Fleck, on voit très clairement que le visage d’Alfred Pennyworth (dans une sublime scène de rencontre entre Arthur et Bruce Wayne enfant – qui porte déjà la tristesse du monde sur son visage) changer du tout au tout. Alfred sait qui est cet homme, il sait qui est sa mère. Et comme il le dit : “Nous n’avons rien à vous dire, partez d’ici”. Un lourd secret semble déranger.
Pourquoi Thomas Wayne ne pourrait pas accepter Arthur comme son fils ? Tout simplement, car il court pour la Mairie de Gotham et ne peut entacher sa réputation d’un tel scandale.
Vient enfin, une scène pour le moins gênante : celle où Arthur pense devenir fou (même s’il l’était déjà) et où il lit à l’arrière d’une carte postale : “Je t’aimerai toujours” et signée “TW” comme Thomas Wayne. Vous me direz : “Mais oui, c’est sa mère qui a écrit ça”. Peut-être. Cependant, si le réalisateur a pris soin de nous poser cet indice à ce moment précis, soit après la révélation, je le vois très clairement comme ceci : en réalité, la folie de la mère, comme celle d’Arthur Fleck, sont le fruit d’un pouvoir abusif de la richesse, ici celle de Thomas Wayne, qui a fini par rendre tout le monde fou. Mais si le Joker est bien le frère caché de Bruce Wayne, je crie au scandale : l’idée est courageuse et risquée, mais je n’adhérerai pas.