Allez, on retourne dans l’Upside Down ?
Je ne passerai pas par 4 chemins : attention, SPOILERS malgré tout.
Le pitch
Été 1985, 1 an après la fermeture du portail, la vie a repris son cours à Hawkins. Les saisons ont passé, les maisons ont vieilli et nos jeunes héros vivent à présent leur vie adolescente soumise à leurs hormones. Oui, vous l’avez compris, tout le monde a grandi ! Heureusement, ce joli tableau de l’adolescence capricieuse est vite terni par l’arrivée de ce qui n’a finalement jamais pu quitter ce petit bourg américain : le mystère. N’ayez crainte, je ne vais pas plus loin pour ne pas trop spoiler ceux qui n’auraient pas encore “binge watché” la série (comment est-ce possible, on se le demande…).
Je peux tout de même vous dire que si les deux premières saisons de Stranger Things nous ont bien appris quelque chose, c’est que rien n’est jamais terminé ad vitam eternam. Les méchants scientifiques dans la première saison, les gentils scientifiques dans la deuxième, les scientifiques sont-ils partout ? Presque ! Puisque cette saison 3 tire sur un fil pourtant aux prémices de la culture geek : les méchants scientifiques communistes. Ouuuuh, on les aime eux. Les complots, les militaires, les agents secrets, tous ces éléments font partie des fondements de nombreuses œuvres désormais cultes. Il était donc totalement logique de les exploiter. Après tout, c’était ça ou les nazis, mais pour le coup Hitler était passé depuis trop longtemps. Ouf !
NB : dans cette saison 3, j’ai eu l’impression de regarder l’ultime saison de la série tant les clins d’œil, les références aux deux précédentes saisons sont nombreuses. En effet, cette saison 3 est une sorte de bilan, de point final à un univers que l’on a découvert il y a déjà maintenant 3 ans.
Les personnages
Pas de grosses surprises de ce côté-là, nous retrouvons la fine équipe avec un plaisir des plus intenses ! Eleven n’est plus la jeune enfant qui apprenait encore son vocabulaire mais devient une petite femme qui découvre la vie de couple avec Mike, tous deux encouragés par Lucas et Max pour qui leur romance n’a d’égale que des montagnes russes (ça va dans tous les sens mais ça tient toujours).
Dustin, de son côté aussi, a bien grandi. Steve, quant à lui, s’est repenti et paye les frais de son passé de dragueur décérébré.
Côté adultes, nous retrouvons les parents là où nous les avions laissés : Joyce dans le deuil de feu son partenaire Bob, Hopper enterré dans sa grotte, essayant de s’ouvrir à Eleven, Mrs. Wheeler oscillant entre ses pulsions sexuelles et son statut de perfect housewife, etc. Il ne nous reste plus que les amants maudits : Nancy et Jonathan, malheureusement toujours égaux à eux-mêmes, à creuser dans leur coin.
Les personnages ont tous évolué de manière très logique et cohérente avec les profils qui nous avaient été décrits jusque-là. Le seul protagoniste à n’avoir finalement que très peu évolué est Will. Grand absent (et pour cause) de la saison 1, enfant terrible de la saison 2, il a enfin le droit à un vrai rôle dans la saison 3, celui d’un ado incompris qui ne souhaite finalement que rattraper les moments que l’Upside Down lui aura volés. Will est alors un enfant qui grandit malgré lui, dans la totale incompréhension des problématiques que peuvent vivre ses anciens camarades de classe.
Heureusement, une nouvelle saison de Stranger Things veut aussi dire nouveaux personnages ! S’ajoutent alors au tableau : Robin, nouvelle partenaire de galère de Steve qui n’aura de cesse de se moquer de l’ancien beau-gosse du lycée ; Erika, la petite sœur de Lucas que nous ne connaissions finalement que de loin et qui prend enfin sa place fièrement parmi les protagonistes les plus sympathiques ; Aleksei, le savant-fou russe attardé, etc, etc. Et je ne vous les spoilerai pas tous non plus.
On peut le dire, les personnages de la série commencent à être nombreux et il est parfois difficile de présenter avec cohérence à l’écran le développement de chacun d’entre eux tout en conservant l’intérêt, le mystère et le frisson tout du long. Pourtant les Duffer Brothers s’en sortent plutôt bien grâce, et toujours, à l’ambiance de la série.
D’autre part, il est important de noter que si jusqu’ici les personnages se sont essentiellement retrouvés face à des monstres terrifiants, ils sont de plus en plus face à eux-mêmes et doivent ainsi affronter leurs propres démons. Ceux que nous avons vu grandir doivent faire des choix que nous partageons à leurs côtés. C’est plutôt pas mal !
L’ambiance
Je ne vous le cache pas, j’ai eu des frissons lorsque le premier générique a commencé ! Retrouver l’atmosphère si particulière à la série est un réel plaisir. Et pourtant, dans cette saison de Stranger Things, nous ne retrouvons pas les feuilles orangées qui gisent en tas aux bords des routes, ni les nuits froides et brouillardeuses d’automne, ni les forêts désertes à perte de vue. Non, ici l’été bat son plein, il fait chaud, les couleurs sont donc plus vives et Starcourt, gigantesque centre commercial, devient le nouveau nœud d’intrigue.
Si l’ambiance n’est pas la même que dans les saisons précédentes, ce qui peut être un peu décevant pour certains, on ne peut que souligner la magnificence de la direction artistique ! En effet, la photographie est excellente, nous plongeant parfois dans des tableaux dignes des plus grandes scènes épiques que l’on a pu croiser dans les musées. Les couleurs sont parfaitement respectées et l’univers chromatique nous ramène tout droit dans le Stranger Things passé que l’on connaît.
Mais si l’ambiance et la DA sont au rendez-vous, il nous manque quelque chose : l’Upside Down ! Ce qui nous avait retourné l’esprit les deux saisons précédentes est tout bonnement absent de ce troisième volet. Grosse déception de ce côté, car selon moi, c’était vraiment la signature de la série. Alors certes, Billy passe 3 secondes et demi dans l’Upside Down lorsqu’il est face à ses propres démons, mais ça n’est clairement pas assez pour combler mon attente. L’Upside Down était l’élément terrifiant qui appartenait à Stranger Things ; plus que les monstres en eux-mêmes, c’était l’idée d’être perdu seul dans un monde parallèle froid, dénué de vie et en permanence dans la fuite qui était terrifiante. Le fait que le monstre soit ici entièrement présent dans le monde réel enlève une énorme partie de l’intérêt et du frisson de la série.
Néanmoins, cette saison pourra apparaître un peu plus intense que les précédentes ; là où nous avions eu l’habitude d’un suspens à toute épreuve, nous nous retrouvons confrontés à une action plus présente qui ne se gêne pas pour mettre les pieds dans le plat, emplie de scènes bien gores, de beaux regards de psychopathes et de bestioles qui pourraient être tout droit sorties d’un film Alien !
Les références
D’ailleurs, parlons-en ! Alien, comme bien d’autres monuments de la pop culture, sont référencés dans le film. On pourra noter que cette saison aura été inspirée par Les Gremlins, Retour vers le Futur, Matrix, E.T., Jurassic Park, et bien d’autres. En effet, plus que jamais, la série est une superbe encyclopédie de SF des années 80/90 ! Les références aussi bien de l’époque même que futures (petite dédicace à une des dernières scènes du dernier épisode), nous poussent plus que jamais à croire que la série, résolument geek, aura choisi de se définir de plus en plus dans cette voie. En effet, si la magie de l’univers rétro avait pu toucher avec une facilité déconcertante le grand public à la sortie de sa saison 1, Stranger Things se dote avec cette saison 3 d’une page aux couleurs geeks plus assumées. Les nombreux clins d’œil en sont la preuve : pour apprécier cette troisième saison dans sa totalité, certaines références peuvent être nécessaires. De mon point de vue, c’est vraiment top. Du point de vue du grand public, nous risquons d’en perdre quelques-uns, c’est dommage.
Notre avis
On ne va pas se mentir, chez My Geek Actu, on a dévoré et adoré cette troisième saison ! Même malgré quelques mini-incohérences scénaristiques et une histoire peut-être moins intéressante que celle des deux saisons précédentes. On a adoré, même si on aurait voulu voir plus d’Upside Down, on aurait voulu avoir froid, avancer dans la nuit automnale humide et brumeuse, craindre de sursauter, se faire un chocolat chaud pour se redonner du courage et regarder la saison plus longtemps.
On aurait aussi voulu que Netflix et sa bien-pensance légendaire ne retire pas la jolie Robin du petit cœur meurtri de Steve, que Nancy et Jonathan soient moins eux-mêmes, que Dustin évite de nous faire un remake d’High School Musical avec sa Suzie d’amour et que Joyce se jette dans les bras d’Hopper avant qu’il ne finisse en poulet à la kiev…
Mais ça, ce sera pour la saison 4 ! 😉