Nako est imprévisible et s’impose comme un incontournable dans un secteur difficile à contourner.
Nako est un manfra, manga français, édité par Shibuya (Michel Lafon) et sorti le 14 mars dernier. Le titre est le fruit de la rencontre entre le rappeur Tiers-Monde et le dessinateur Maxime Masgrau, qui nous offrent un premier tome très attendu par la communauté de fans du rappeur. Mais pas seulement ! En février 2018, Nako avait reçu le prix du Coup de Cœur du Jury lors du Monaco Anime Game International Conferences, qui était présidé alors par Tite Kubo (que les fans de Bleach ne connaissent que trop bien).

Le rappeur havrais avait pour rêve de sortir un manga : son rêve se traduit par un succès !
Cette distinction avait permis à Nako d’être publié au Japon dans le prestigieux Shōnen Jump + (version numérique du célèbre Shōnen Jump). Ce n’est donc pas seulement les fans du rappeur, mais bien l’intégralité de la communauté de lecteurs français qui attendaient la suite de ce chapitre, qui a conquis 150 000 lecteurs mondiaux.
Le pitch

Nako est un jeune garçon fougueux vivant dans le village de Kaluline. Et aujourd’hui est un grand jour pour lui ! Car c’est aujourd’hui qu’il devra surmonter le traditionnel rituel de passage à l’âge adulte, afin de devenir un membre à part entière de la tribu des Convaincus : un peuple de guerriers vivant en parfaite communion avec la nature.
Les personnages

Le premier tome laisse peu d’éléments biographiques sur les principaux personnages.
NAKO
Nako est un jeune garçon intrépide et facétieux qui vit avec sa tante depuis la disparition de ses parents. Il est impatient d’accomplir le rite de passage des Convaincus, mais il semble ignorer les dangers qu’il devra traverser durant son épreuve.
OUMI

Oumi est la tante de Nako. De nature aimante et dévouée, elle sait se montrer incroyablement sévère quand il s’agit de réprimander Nako à chaque farce qu’il fait à Ploume.
PLOUME

Ploume est un guerrier aguerri de la tribu des Convaincus. Bien que très proche d’Oumi (qu’il courtise), il n’a pas de lien de sang avec Nako. Il est un mentor inespéré pour le jeune garçon qui profite de ses conseils de combattant.
Un univers original et poétique
Le monde de Nako est très riche et donne le sentiment d’avoir énormément de choses à découvrir sur les personnages ou les légendes de cet univers. Le style est inédit et rafraîchissant.


Sur le plan graphique, la tonalité est insaisissable ! Tantôt, elle nous rappelle les grands classiques de l’animation européenne (je pense bien sûr à l’œuvre de Michel Ocelot : Kirikou), nuancée par des crayonnés bruts mais efficaces. Tantôt, elle prend à contre-pied avec une dynamique manga et un humour propre et original. Sur bien des aspects, il est possible de retrouver une magie semblable à celle de Miyazaki.

Mon avis
Le rap du Havre ne m’est pas inconnu car cela fait plusieurs années que je l’écoute. Et lorsque j’avais lu que le rappeur Tiers-Monde allait être publié dans le Shōnen Jump, cette nouvelle m’avait particulièrement enchanté, impressionné, et intrigué. Je n’avais pas lu le chapitre diffusé alors dans le Shōnen Jump car j’attendais un tome officiel et terminé. Et le moins que je puisse dire est que Nako est une véritable surprise, sur de nombreux points. Bien que je me doutais que ce manga soit bon, je ne songeais pas à découvrir quelque chose d’exceptionnel, pour autant.
La passion de Tiers-Monde pour le manga n’est pas un secret, et il pesait donc sur lui le risque de faire de Nako un patchwork d’influences mangas déjà existants, sans finalement rien proposer de novateur. Mais il n’en est rien ! Car Nako pose la trame d’un univers original et si vivant que l’on en percevrait presque les couleurs alors que le contenu manga est naturellement en noir et blanc. L’univers est insaisissable et rappelle la magie de nombreux chefs-d’œuvre du genre.
Sur la qualité graphique, les planches s’agencent parfaitement et la dynamique est extraordinairement bien rythmée. Les combats du tome sont explosifs et l’agilité du style permet des angles de mouvements fluides.

Ce manga frôle le sans faute. Car, un détail reste dérangeant. C’est ; non pas le style ; mais la cohérence du style de dessin qui a trop souvent dérangé ma lecture. Nako s’inscrit comme un subtil mélange entre style manga et BD sauce européenne. Ce mélange, qui est très bon et qui donne quelque chose de très réussi, pèche lorsque l’on passe, de façon trop marquée, d’un style à l’autre, d’une case de la planche à une autre. Cela peut dérouter, voire troubler la lecture. Et, sans être allergique à la nouveauté ou aux sorties de sentiers battus, je pense que l’originalité ne doit pas se faire au détriment de la stabilité graphique.
Et si ce détail m’a mis la puce à l’oreille, c’est parce que le potentiel de cet univers est tel, qu’il mérite une assise graphique irréprochable. Alors, bien sûr, ce manga est tout jeune, et je ne doute pas que le style se renforcera avec le temps (ainsi qu’a été celui d’Akira Toriyama qui a significativement évolué après la mort de Radditz, par exemple).
Pour l’heure, Nako est un manga à découvrir sans plus attendre !