Le diable chiale en Prada ? Je dis “Oui, oui, oui !” et pas qu’un peu !
Devil May Cry 5 (DMC5 pour ceux qui sont dans l’optimisation) est un jeu vidéo d’action de type “beat’em all”, développé par Capcom Production Studio 1 et édité par Capcom. Le jeu est sorti le 8 mars 2019 sur PS4, Xbox One et PC. Si l’on met de côté le reboot DmC : Devil May Cry sorti le 15 janvier 2013, le nouveau DMC5 est le cinquième jeu de la série des Devil May Cry, sorti onze ans après Devil May Cry 4 et dont il est la suite directe.
Une histoire de famille aux extraits de démons
Initialement, Devil May Cry nous plonge dans un univers gothico-démoniaque dans lequel on suit les aventures de Dante, un chasseur de démons devenu légendaire après avoir terrassé et empêché de régner moult rois, seigneurs et suppôts de démons. Lui-même étant mi-humain et mi-démon, Dante a pris le parti de l’humanité et contrairement à son frère jumeau Vergil qui, lui, a plutôt visé à obtenir la puissance de leur père Sparda, autrefois démon légendaire qui a voté du côté des humains en cassant la bouche à une tripotée de démons, afin d’asseoir son autorité sur tout ce qui bouge.
Après avoir empêché Vergil d’ouvrir un portail reliant le monde des humains à celui des démons, mais n’ayant pas pu le secourir d’une chute dans les enfers, Dante propose aujourd’hui ses services de nettoyeur anti-démons via sa petite entreprise qu’il a nommée “Devil May Cry”. Bastonnant allègrement avec style et badass-itude tous les malfaisants qui lui barrent la route, Dante fait la rencontre de Nero, un jeune bretteur combattant des démons malgré le fait d’être lui-même mi-homme mi-démon, qui dispose d’un pouvoir éveillant la curiosité de Dante.
Pour ceux qui ont 10 minutes devant eux, je vous conseille la très bonne vidéo du Jean-Baptitste Show qui résume rapidement les jeux précédents.

Et on arrive – enfin – à Devil May Cry 5. L’histoire se passe à Red Grave City, la ville d’origine de Dante, dans laquelle un arbre démoniaque gigantesque nommé Qliphoth a émergé du sol et ravage les humains environnants dans le but d’alimenter un “nouveau roi des démons” : Urizen. Dante, accompagné de ses camarades de chasse, Trish et Lady, se font rincer par le nouveau boss, obligeant Nero et le troisième – nouveau – protagoniste, V, à battre en retraite.
Une réalisation de type qualitatif, m’voyez
La première chose qui saute aux yeux est la qualité graphique du titre. DMC5 a su tirer le maximum du RE Engine, qui a également servi dernièrement à animer le récent remake de Resident Evil 2, en proposant des cinématiques et des scènes d’action in-game aux petits oignons. Entre la mise en scène théâtrale et la modélisation convaincante des acteurs qui incarnent les personnages principaux, on peut facilement positionner DMC5 parmi les jeux les plus bluffants techniquement. Même si le studio à l’origine du titre a mis le paquet sur les graphismes, le titre s’exécute avec fluidité sur la PS4 normale, console sur laquelle j’ai joué.
On pourra aussi noter le festival d’effets visuels qui parsèment l’écran qui peut s’apparenter à un trip sans limites de Jean-Michel Jarre, mais contrairement à ce que l’on pourrait redouter sur la gêne que cela peut générer, le jeu reste généralement lisible durant les phases de gameplay… sauf quelques passages trop serrés qui brouillent l’action.

L’aventure nous embarque dans divers décors, des rues étroites de Red Grave City aux boyaux du Qliphoth, il y a de quoi admirer le travail fourni par les développeurs, bien que je trouve qu’il y a une certaine tendance à la facilité et la répétition vers le dernier quart du jeu en termes de level-design et d’identité, mais ce n’est que mon avis.
En ce qui concerne le scénario, soyons honnêtes : ce n’est pas folichon et ce n’est certainement pas sur ce critère que l’on attend un DMC. Il y a certes un peu de construction autour des personnages pour garnir le parcours du titre, mais l’ensemble ne surprend pas des masses. Bref, il y a un fil rouge pour faire tenir le tout, un gros méchant pas beau qui fait la loi, quelques surprises qui parleront aux fans, mais c’est principalement une course à la puissance qui anime les personnages principaux de DMC5. Je n’en n’attendais pas plus, pas moins.

Côté bande-son, Capcom nous régale avec une qualité de doublage anglais remarquable sublimant les cinématiques, offrant un rendu hollywoodien. Parallèlement, le travail sur les bruitages est bien équilibré et ça sonne proprement que ce soit dans un casque ou sur un kit 7.1. Les thèmes des personnages et les musiques ont également fait peau neuve en se basant sur les modes actuelles, oscillant entre de l’électro-techno, du rock et quelques nuances de downtempo dans les menus, histoire de chiller entre deux missions. Ce sera au goût de chacun d’apprécier ce virage stylistique comparé aux anciens titres, beaucoup plus orientés rock-métal durant les phases de gameplay, mais en ce qui me concerne, j’ai été globalement agréablement surpris.

Massacre à la manette
DMC5 reprend les codes de gameplay des titres précédents, ce qui permet aux vétérans de retrouver leurs marques assez vite. Ayant poncé les jeux antécédents avec ferveur, il ne m’a fallu que peu de temps avant de retrouver la satisfaction de trucider des démons à la pelle et avec – un peu – de style. Cependant, on abandonne ici la caméra fixe au profit d’une caméra dynamique style TPS qui a une tendance à s’affoler par moments, mais rien de très gênant pour profiter du titre.
Le côté nerveux et exigeant des DMC est bien retranscrit ici et on le comprend très vite une fois que l’on s’embarque dans l’aventure. On commence alors avec Nero, héros principal de DMC4, qui s’est fait voler son bras démoniaque en préface du jeu. Comblant le manque avec un nouveau bras mécanique, le Devil Breaker fraîchement construit par sa partenaire Nico, Nero permet de se lancer rapidement dans le jeu avec un gameplay direct et incisif. On découpe les démons à l’épée et on les malmène avec les pouvoirs variés du Devil Breaker qui est toutefois fragile. Des améliorations bienvenues sont à noter au niveau de ses coups d’épée et de son revolver, mais les changements ne brusquent pas le personnage pour autant. Ayant été habitué à son gameplay depuis DMC4, cette itération de Nero m’a procuré un sentiment de puissance instantané malgré un système de gestion de bras à pouvoirs un poil complexe à gérer au départ.

Après une mise en bouche avec Nero, le jeu nous propose de jouer V, un personnage qui se situe aux antipodes de ce que à quoi la série nous a habitué jusqu’alors. Chétif, en sandales et désarmé, comparé à ses frères d’armes, V sollicite trois démons afin d’affaiblir ses adversaires. Griffon, un oiseau attaquant à distance, Shadow, une panthère assaillant au corps à corps et Nightmare, un puissant colosse qui ne se matérialise que durant un laps de temps limité. Disposant de la panoplie de mouvements classiques de la série, à savoir les esquives et les double-sauts, V a pour condition d’aller achever les adversaires par lui-même afin d’en venir à bout.

Je ne vais pas le cacher, la prise en main du gameplay de V peut en dérouter plus d’un, moi le premier. Disons que ce n’est pas le genre de tactique de combat que l’on attend d’un DMC, mais je trouve qu’il a été implémenté avec brio. Je me suis vite pris au jeu de garder V à l’écart pendant que Griffon et Shadow découpent du méchant démon à la pelle, sans parler des poses bad-ass que V peut prendre durant un combat ou même lorsqu’il appelle Nightmare en aide. Le charisme est assuré et j’ai vite oublié les contraintes inhérentes au personnage. Well played Capcom.

Oscillant entre Nero et V pour progresser dans l’histoire, Dante devient enfin jouable et ce dernier balaie d’un revers de la main ce que l’on a connu jusqu’alors dans DMC5. On retrouve le Dante iconique de la série avec son arsenal d’armes, de coups et d’options de mouvements abondants. Les joueurs les plus patients et les plus créatifs sauront en tirer le meilleur parti, mais pour ceux qui ne veulent pas se prendre la tête à pondre des combinaisons d’attaques farfelues, Dante reste puissant et efficace. Un vrai plaisir… une fois que l’on a mémorisé sa liste de coups.

Bien que la prise en main soit rapide, DMC5 reste un jeu exigeant et récompense bien plus les prises de risques que la morosité de jeu. En effet, le système de notation de style, qui fait le charme de la série, se montre particulièrement sévère et viser les meilleures notes demande au joueur à être créatif. En clair : taper les monstres de la même manière tout le long des parties et se prendre des coups, qui sont plutôt punitifs dans ce DMC, ne conférera que des notes basses et parallèlement ne fera glaner que peu d’Orbes rouges, la monnaie du jeu qui permet d’acheter des compétences aux personnages principaux.
Angry Monsters Inc. Boss Edition
L’adversité dans DMC5 se caractérise par un bestiaire très fourni dont chacun des monstres assure des rôles spécifiques. C’est ainsi que l’on peut éprouver le plaisir de se faire taper, faucher, griffer, trancher, piétiner, tirer dessus et de près comme de loin par un bon nombre de démons que l’on doit éliminer pour continuer sa route. Pour les fans de DMC1 et 3, on saluera la présence de quelques monstres tirés de ces volets qui sont là pour faire parler la nostalgie et bien évidemment pour nous casser la gueule. Surtout, si on commence à monter en difficulté.


Alors je ne sais pas si c’est moi qui suis devenu nul avec le temps ou le manque d’habitude d’avoir un jeu exigeant dans les mains, mais DMC5 n’offre pas de cadeaux aux joueurs. La difficulté du jeu ne tient pas la comparaison avec un Dark Souls ou autre titre de Die And Retry de la sorte, mais on est loin d’une promenade de santé. Les ennemis frappent vite et fort, surviennent en nombre et nécessitent d’apprendre leur comportement afin de déterminer au mieux quand et comment attaquer. Ajoutez à ça la possibilité de les voir débarquer dans des compositions variées ou avec des commandants dans leurs rangs et on obtient très vite un florilège de challenges qui font monter la tension.
Mais tout bon beat’em all propose également des boss de fin de niveau pour couronner le tout. DMC5 ne compte pas moins de 12 boss à affronter, des petits, des grands, des gros et tous avec leurs panoplies de stratégies à contre-carrer. Certains se montreront cependant plus marquants que d’autres par leur design ou par les circonstances de bataille, mais ça ne retire en rien le soin qui leur a été apporté pour nous donner du fil à retordre.



Mais une fois que l’on a tout vu, quid de la rejouabilité ? Commencer le jeu en difficulté “Chasseur de démons” est un bon challenge en soi pour se mettre dans le bain et monter aux crans supérieurs peut vite taper sur les nerfs. À quoi bon me direz-vous ? Pour la satisfaction de relever le challenge et d’aiguiser sa dextérité en jeu, pardi ! Bien que les difficultés supérieures ne se débloquent qu’en terminant le jeu avec le niveau de difficulté antécédent, autant dire que les joueurs les plus téméraires vont parcourir un bon nombre de fois les 20 niveaux du jeu. Ça paraît barbant dit de cette manière, mais à mesure d’acquérir de nouvelles compétences, le jeu permet d’élargir les options durant les combats et renouvelle continuellement l’expérience de jeu.

Un délicieux jeu fait avec amour
Au final, DMC5, c’est un jeu qui a été grandement attendu par les fans de la série Devil May Cry et qui remplit, ici, les critères qui ont fait le succès des précédents titres. Le jeu est abordable, mais sa richesse le rend complexe à maîtriser, ce qui tient justement en haleine les joueurs et donne envie de parcourir le jeu de fond en comble. Assorti à toute une palette de documentation et de concept arts inclus dans les menus du jeu, les développeurs ont cherché à étoffer le contenu de DMC5 dans les moindres détails sans oublier les références aux anciens Devil May Cry et des clins d’œil à d’autres jeux Capcom. De plus, à l’heure à laquelle j’écris cet article, le premier DLC gratuit est désormais disponible : le Bloody Palace, un mode incontournable pour les fans de DMC dans lequel il faut braver 101 arènes de combat avec le personnage de son choix contre des hordes de démons.
Je pourrais reprocher quelques fausses notes à cette itération, comme la présence d’un système de coopération avec d’autres joueurs en ligne complètement anecdotique ou d’une caméra de jeu un peu fofolle, mais la qualité globale du titre gomme rapidement les petits défauts que chacun pourrait expérimenter.
Bref, Devil May Cry 5 est la quintessence du Beat’em all moderne qui emmène le joueur dans un monde épique où il faut fracasser du démon avec style, tout en étant souligné par une réalisation de haute volée.
Note : 18/20
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