REVIEW – Tinta Run (tome 1)

REVIEW – Tinta Run (tome 1)

REVIEW – Tinta Run (tome 1)

REVIEW – Tinta Run (tome 1) C'est bien ?

Libère le Tinter qui est en toi ! Mais pas trop fort s’il te plaît. Y a des gens qui dorment ici !

Ne cherchez pas, cette intro ne veut rien dire. Imaginé et dessiné par Christophe Cointault, Tinta Run est un manga de type shōnen édité par Glénat Manga et sorti le 7 février 2018.

Le pitch

Arty est un jeune garçon totalement perdu qui cache en lui un sombre pouvoir. En effet, une bête sommeille en lui et ne demande qu’une chose : sortir. Oui. Comme dans Naruto.

Dans l’univers de Tinta Run, la loi de Phinéa exige d’apprendre un vrai métier afin de devenir un bon citoyen. Arty, qui n’a alors que 16 ans, travaille comme stagiaire dans une pâtisserie. Mais clairement, ce n’est pas assez pour ses rêves de grandeur. Alors que celui-ci est maltraité par son boss, il réalise alors le kiff suprême de tout stagiaire : tout envoyer en l’air. Sauf que, bon, en fait on peut pas. Du coup, la réalité le rattrape assez vite et la police le poursuit. Alors qu’Arty a trouvé refuge chez un ami, Dumond Urville, les deux amis en profitent pour fuir leur petit village de Mont-Sereny et partent pour une longue aventure.

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Un manga “Made in France”

Nul doute, il s’agit bien là d’un manga totalement français. Alors : cocorico dans un premier temps. Puis enfin : sérieux ?! Premier point gênant selon moi : la lecture se fait de gauche à droite. Je veux bien qu’on soit en France, toussa toussa, mais quand même. Au début, ça m’a un peu gêné. Avec le recul, difficile de dire si j’ai aimé cet aspect du manga ou non. À la fois, ça me dérange, à la fois, je félicite le geste et l’effort.

Arty est donc un jeune homme originaire de Mont-Sereny. Ne cherchez pas bien loin, pour moi le village est directement tiré du Mont-Saint-Michel. C’est d’ailleurs quelque chose à la fois drôle et déstabilisant dans la lecture du manga : on est ici bien dans la culture française, des noms jusqu’aux références. Par exemple, la capitale s’appelle Priam (Paris à l’envers et avec un “m” en plus). L’Arc de Triomphe et la Tour Eiffel ont fusionné pour donner l’Arche de Priam et enfin la fameuse (mais sale) Seine devient la Sauve.

Arty, un personnage de shōnen

Christophe Cointault revisite donc le mythe très shônen du jeune homme abritant un monstre en lui qui va quitter sa province pour découvrir la capitale et ses codes. Un voyage initiatique des plus communs. Avec Tinta Run, le manga reprend, parfois habilement, et parfois grossièrement tous les codes du shōnen.

Visuellement, aucune forme de doute, il s’agit bien d’un shōnen. Les dessins, s’ils ne sont pas tous égaux, sont de qualité, lisibles et plutôt soignés. Préparez-vous, les personnages sont tous très spéciaux et hauts en couleur ! Enfin façon de parler… parce que c’est en noir et blanc… Quel humour.

Au-delà de son design un peu cliché et de ses expressions trop souvent caricaturales, le personnage principal (une fois le premier tome terminé) en reste sympathique. Au contraire, Dumond, personnage secondaire (mais tout du moins central) est quant à lui très intéressant et permet au mangaka de faire passer relativement naturellement toute sorte de critiques sociétales. C’est clairement mon personnage préféré !

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Quelques critiques OKLM

Avec l’arrivée de nos deux compères à Priam, le mangaka en profite pour dénoncer quelques limites de la culture française. Non seulement les Parisiens en prennent pour leur grade avec leur snobisme à la limite du cliché, mais ce sont surtout les thèmes de l’immigration, de l’administration ou encore des maltraitances policières qui sont abordées dans le plus grand calme.

À la fois, la présence de ces sujets m’ont gêné (ce n’est pas ce que je cherche dans un manga), à la fois, je remarque qu’il s’agit là d’une manière particulièrement maligne de faire passer un message assez fort.

D’autant plus que le manga nous offre quelques petites références en cadeau : aux personnages de mangas existants chez Glénat (One Piece, Naruto) ou encore à la culture geek (par exemple avec le numéro 404 de la file d’attente – bien joué, j’ai souri).

Mon avis

En commençant à lire Tinta Run, j’ai trouvé Arty assez lourd, l’univers français déstabilisant et l’histoire trop vu pour être passionnante. Mais voilà, j’ai continué à lire. Et de fil en aiguille, en suivant les aventures d’Arty et de Dumond, je me suis laissé guider par les flots de la Sauve et ai fini par m’intéresser à des personnages finalement sympathiques. Avec du recul, je pense que l’appréciation du titre réside dans la capacité à prendre Tinta Run, non pas comme un manga mais, comme un “manga français”, une volonté tout à fait louable de la part du mangaka. J’attends le deuxième tome avec impatience pour pouvoir me faire un avis plus complet.

Suite à une discussion avec Christophe Cointault, le mangaka créateur de Tinta Run, voici quelques précisions qu’il a tenu à apporter concernant son histoire et ses personnages :

” En effet, la ville de départ, Mont-Sereny, est clairement inspirée du Mont-Saint-Michel. C’est un endroit que j’ai visité et qui me plaisait particulièrement, il est suffisamment “intéressant” pour faire démarrer une grande aventure. Le “Sereny” étant assez ironique quand on lit le premier chapitre…
– La capitale de la Mérovie, Priam, est bien sûr inspirée de Paris. Pour le nom, il faut chercher du côté de la mythologie grecque : Paris est le fils cadet du roi Priam. L’idée était donc toute trouvée !
– Phinéa, le monde imaginaire dans lequel se déroule l’aventure, vient du nom Phinée. Encore une fois, c’est un personnage mythique. Il est le frère aveugle d’Europe. Ce qui était particulièrement pertinent pour mon histoire et ce monde calqué sur l’Union Européenne (le Doxa fait office de Constitution, les frontières se dressent entre les pays, beaucoup de diversités dans un “petit” espace…).

De manière générale, c’est là ma méthode pour créer : il faut que les noms sonnent bien et qu’ils se rattachent à quelque chose de notre Histoire. De l’invention qui parle à l’humain. Je puise souvent dans les civilisations antiques (mais pas que). C’est ce qui créé l’identité de “manga latin” de Tinta Run, ou “pop manga”. Les Tinters (équivalents de magiciens pour Harry Potter, pirates pour One Piece, ninjas pour Naruto, Jedis pour Star Wars, Saiyens pour Dragon Ball…) sont directement inspirés des scribes de l’Egypte Antique. Vous découvrirez donc au fur et à mesure de l’histoire plusieurs références à cette culture fascinante 😉

Enfin, concernant les personnages principaux :
– Arty Henrix, le héros bouillonnant : quand j’ai créé la Tinta, à la base de l’histoire, je cherchais à faire une énergie visuellement intéressante, agréable à dessiner et pouvant offrir de nombreuses possibilités. Quelque chose “d’arty”, en somme. Le prénom est arrivé ainsi ! Quant à son nom, Henrix, j’ai cherché dans des listes de maîtres-écrivains de l’ancien temps (car la Tinta est symbolisée par des lettres… retour au pouvoir des scribes qui font la loi ^^). Le nom Henrix est celui qui ressortait parmi tous, à mes yeux ! Il n’y avait plus qu’à écrire son histoire…
– Dumond Urville, le clandestin aux muscles d’acier : son nom provient de Jules Dumont d’Urville, célèbre explorateur de l’Antarctique. Je trouvais le contrepied intéressant, un grand voyageur du continent blanc, pour un grand voyageur à la peau noire. Car oui, Dumond a beaucoup voyagé… mais cela restera à découvrir.

Les mots inventés sont et seront nombreux dans Tinta Run. J’ai pu voir de-ci de-là que certains lecteurs pouvaient être déroutés par cette “nouveauté”. Tout est mûrement réfléchi, sachez-le. Et j’espère avoir d’autres occasions de vous expliquer mon petit monde, si cela vous intéresse ! “

– Christophe Cointault

 

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