Je suis ressorti des enfers, il y a peu de temps. C’était pas beau à voir. Enfin si. Je vous explique !
Hellblade : Senua’s Sacrifice est un jeu développé et édité par Ninja Theory, sorti en août 2017 sur PlayStation 4 et PC.
Le pitch
Au premier abord, l’histoire raconte l’aventure d’une jeune femme picte nommée Senua (inspirée par Senuna, divinité celtique) qui décide d’aller en enfer pour y retrouver son amant, Dillion. L’ensemble est basé sur les mythologies celte et nordique.
Le jeu exploite la capture motion. Ainsi, Senua est interprétée par Melina Juergens de façon incroyablement réaliste. Les réactions, le jeu d’acteur, tout est parfait.
Visuellement cauchemardesque
Senua, atteinte de graves troubles psychotiques, descend en enfer. Son enfer. Pourtant, visuellement, le joueur fait face à une laideur d’une beauté sans nom. Alors que les décors sont glauques, sales et inspirent la peur et le malaise, la direction artistique est tout simplement magistrale. À la fois l’expérience est malsaine, à la fois vous ne pouvez pas vous empêcher de vous dire “c’est dur, mais c’est beau l’enfer quand même”. D’autant plus que les univers proposés sont tous différents et parfaitement équilibrés.
Gameplay
D’un point de vue gameplay, c’est assez classique. Le jeu se découpe en trois phases : l’exploration, la résolution d’énigmes (parfois très simples, parfois carrément tordues !) et enfin des combats.
L’exploration est agréable et s’apprécie facilement. Les énigmes frôlent quelques fois l’impossible. Je ne vais pas vous mentir, à partir du second tiers du jeu, j’ai avancé avec une soluce sous le coude, au cas où. Les combats, enfin, sont très sympas. Ils sont dynamiques, rapides, bien rythmés. Ils m’ont rappelés ceux d’Infinity Blade. Et je ne dis pas ça parce qu’il y a “Blade” dans le nom. Concrètement, vous évitez les coups puis vous tapez. C’est simple, mais ça marche.
Par contre, vers la fin du jeu, plutôt que mettre sur votre route des ennemis plus puissants qu’au début, les développeurs ont crû bon de vous laisser combattre des vagues de 40 ennemis. Et croyez-moi, comme la mécanique est toujours la même, c’est vite très lassant ! Ce serait, pour moi, le seul bémol côté gameplay.
Mythologies
À ce niveau, il ne s’agit pas uniquement de références, mais bien d’un univers propre, très détaillé et extrêmement cultivé. Dans Hellblade : Senua’s Sacrifice, les mythologies celte et nordique ont une importance toute particulière. En effet, vous ne pourrez pas avancer sans entendre parler de viking, de Hel (encore appelé Helheim, l’enfer nordique), du Niflheim (encore plus sombre que le Hel) ou encore du Valhala ou du Ragnarök (fin du monde).
Vous entendrez parler d’Odin, de Loki, de Freyr ou de Sort. Si vous êtes familier avec ces mythologies via les films Thor (Marvel) ou encore The Witcher, ces noms et lieux vous parlent.
Mais alors pourquoi avoir choisi cet univers ? Afin de pouvoir mieux exploiter la religion (ici celte et viking) et ainsi pouvoir interpréter l’enfer d’une façon plus psychologique.
L’expérience réaliste d’une descente en enfer
Derrière la descente en enfer de Senua se cache en réalité une descente dans son propre enfer. Senua est atteinte de psychose, c’est ce dont parle réellement le jeu.
Plus qu’un jeu vidéo, Hellblade : Senua’s Blade est une expérience hors du commun qui vous plongera dans un monde torturé et vous permettra de voir le monde de la même façon qu’une personne souffrant de psychose.
Ninja Theory s’est d’ailleurs rapproché, pour chaque étape de développement du jeu, d’un centre de recherche sur la psychose. De professeurs à patients, tous ont participé activement en donnant leur vécu. Ainsi, lorsque vous avez terminé le jeu, un documentaire vous explique que chaque scène du jeu est directement tiré de l’esprit d’un patient. Les voix qui tournent autour de vous sans cesse, les effets de kaléidoscope, les effets de flou lorsque vous courrez, les effets de destruction des formes, les objets pendus, etc. Rien n’est laissé au hasard. Pour ça, je suis obligé d’applaudir.
Il est finalement difficile de dire s’il s’agit d’un excellent jeu vidéo dont la profondeur vient du sujet ou si c’est le sujet lui-même qui s’exprime, le jeu vidéo n’étant qu’un moyen, qu’un canal. À ce niveau, j’en arriverais presque à me demander s’il s’agit d’un jeu vidéo d’action ou s’il s’agit d’un “serious game”.
Mon avis
Pour tout vous dire, j’ai eu peur durant les premières heures de jeu. Pas peur du jeu en lui-même, mais peur de devenir fou. Évidemment, non, je vais très bien. Merci.
Cependant, lorsque la cinématique de fin s’est lancée, lorsque j’ai compris le jeu, je n’ai pu m’empêcher de me dire “mais ouah, c’est génial”. Le jeu n’est pas parfait : il présente quelques bugs techniques, quelques soucis de caméra, les combats sont parfois un peu longuets. Une fois ces détails passés, l’expérience vaut le coup. D’autant plus quand on sait que l’équipe Ninja Theory est toute petite (on se demande comment ils ont pu réussir à faire un jeu comme ça) et que le jeu ne coûte que 30€. A 70€, je dirais toujours qu’il vaut son prix.
Définitivement, entre RiME et Hellblade : Senua’s Blade, j’aurais eu un mois rempli de jeux “intelligents”. Traités de façons différentes, mais je n’en regrette aucun.
Note : 17/20
Les + |
Univers : parfait/20 Graphismes : 18/20 Enigmes : 18/20 Gameplay : 17/20 OST : 17/20 |
Les – |
Combats : 15/20 Technique : ralentissements/20 |