REVIEW – Derrière le ciel gris

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REVIEW – Derrière le ciel gris

REVIEW – Derrière le ciel gris C'est bien ?

BONNE AMBIANCE...
3.4

En deux mots :

Sous son atmosphère “dark”, Derrière le ciel gris est un manga rapide mais agréable à découvrir, qui ne manque pas de pousser le lecteur à la réflexion.

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User Review
4 (2 votes)

Derrière le ciel gris (Aozora to Kumorizora) est un manga de type seinen sorti en 2016 au Japon et en février 2020 dans les librairies françaises. Le titre, édité chez Delcourt Tonkam, rejoint les autres oeuvres de Sugaru Miaki au sein de la collection Moonlight qui compte parmi elle Le prix du reste de ma vie, Parasites Amoureux, Le Dévoreur de souvenirs, et bientôt De l’autre côté de l’horizon en 2021.

Au dessin, c’est l’artiste loundraw qui a la tâche de mettre en scène le scénario singulier de l’auteur. Il a notamment co-réalisé le chara-design du film d’animation Je veux manger ton pancréas et a travaillé sur l’anime Tsuki ga Kirei. Mais bref, qu’en est-il de Derrière le ciel gris ? C’est l’heure du verdict !

Le pitch

Kumorizora a le pouvoir de conduire les gens au suicide, sans laisser de trace. Il élimine les cibles qui lui sont soumises, jusqu’au jour où il doit faire disparaître la fragile et énigmatique Aozora. Mais comment tournera cette rencontre particulièrement cruelle qui pourrait bien basculer vers un surprenant dénouement ?

Couverture du tome 1 de Derrière le ciel gris

Quand ciel bleu rencontre ciel gris

Je dois l’avouer : après avoir lu Le prix du reste de ma vie, je n’étais pas sûre de vouloir découvrir le reste des oeuvres de l’auteur, qui traitent, finalement, de la même thématique : l’obscurité du genre humain. Alors oui, le scénario est bien écrit, intéressant, et plutôt réaliste dans son reflet des sentiments de ses personnages. Cependant, plonger dans un manga “sombre” dans un contexte tel que celui dans lequel nous vivons depuis plusieurs mois maintenant, n’est pas très attrayant. Pourtant, j’ai poussé ma curiosité et lu le premier volume de Derrière le ciel gris.

Et effectivement, le lecteur fait face à un sujet délicat et loin d’être joyeux (c’est le moins que l’on puisse dire) : le suicide et plus largement le désir de mourir. Au Japon, il s’agit d’un phénomène fréquent chez les enfants et les jeunes adultes, et c’est d’ailleurs la première cause de mortalité dans cette tranche d’âge. Derrière le ciel gris aborde donc cette thématique forte, avec les raisons qui peuvent amener à ce choix : la solitude, la dépression, le désespoir, se retrouver sans aucun but dans la vie… Mais contrairement à ce à quoi le lecteur peut s’attendre, la protagoniste, Aozora, s’est fait une raison et ne ressent aucune tristesse, bien au contraire : elle est impatiente de mourir. C’est là qu’intervient Kumorizora et son étrange pouvoir de “nettoyage”.

"Enchanté"

Leur relation, plus que particulière, s’avère fluide et plutôt agréable, si l’on peut dire, à suivre. Alors c’est vrai, pour ceux qui ont lu le manga, vous aurez remarqué que j’ai effectué un léger spoil en appelant les personnages par leurs prénoms dans cet article. Dans le premier tome, ce n’est révélé qu’à la toute fin. Auparavant, Aozora (“ciel bleu” en japonais) et Kumorizora (traduction de “ciel gris”) étaient désignés respectivement par <cible> et <nettoyeur>, ce qui est plutôt agaçant à la longue. Au fil des pages, on réalise que l’auteur met un point d’honneur à conserver le plus possible la part de mystères et d’énigmes dans Derrière le ciel gris, surtout concernant les deux personnages principaux et l’organisation qui régit le système de “nettoyage”.

S’il l’on peut saisir les raisons qui ont poussé Aozora à vouloir mourir, la jeune fille reste tout de même curieuse dans son traitement, même si le twist de ce premier tome permet de la comprendre davantage. En revanche, Kumorizora, similaire à première vue à un Light Yagami, s’avère sans réelle nuance, ses pulsions de sadisme et de soif de sang étant les plus mises en avant. Alors oui, il semble avoir pitié de la lycéenne et cela lui coûtera cher. Mais c’est tout ce que l’on sait de lui.

Après la pluie, le beau temps ?

Il n’est pas difficile de faire le parallèle entre les prénoms des personnages et leur personnalité, en parfaite symbiose. Aozora représente un pan de la vie de tout un chacun, qui peut se retrouver perdu et s’interroger sur le sens de sa vie. À l’opposé, Kumorizora, tel un parasite dans l’esprit de la jeune fille, agit comme une dépression avec l’omniprésence de sombres pensées.

Difficile de s’attacher à ce dernier, vous le comprendrez bien. Ce premier volume, à l’image de l’ensemble des oeuvres de Sugaru Miaki, donne à réfléchir sur le sens de la vie et surtout de sa promiscuité avec la mort. De même, qu’il en faut peu pour basculer vers le côté “noir” de notre personnalité et beaucoup pour retrouver le goût de vivre après un drame. Décidément, il est très réjouissant ce manga.

Un échange pour le moins singulier

Le scénario, s’il est construit correctement, ne casse pas trois pattes à un canard pour l’instant. Oui le concept est original, mais la trame du récit est assez plate entraînant pour certains lecteurs un sentiment de lassitude, d’autant qu’il n’y a pas beaucoup de dialogues. Le coup de crayon est, lui aussi, unique en son genre. Un peu “brouillon”, il peut décontenancer mais marque bien les caractères inexpressifs des personnages.

Mon avis sur Derrière le ciel gris

Derrière le ciel gris est un manga, somme toute, efficace dans les messages qu’il transmet. On reconnaît bien là la plume de son auteur. L’oeuvre explore la fragilité de l’être humain, et c’est avec curiosité que le lecteur s’imprègne de l’atmosphère presque morbide qui s’en dégage. Si vous aimez les mangas qui poussent au questionnement de soi, vous tenez ici une perle.

En revanche, si vous n’êtes pas friand d’ambiance “sombre”, voire malsaine, passez votre chemin. Pour ma part, je me demande vers où le récit se dirige et comment il se conclura. Aussi lirais-je bien volontiers le second volume qui sort le 30 décembre prochain.

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