UNE SÉRIE POUR SE METTRE À LA PAGE
En deux mots :
Court mais intense, voilà comment on pourrait résumer Skull-face Bookseller Honda-san. Véritable déclaration d’amour aux mangas, cet anime est aussi drôle que sympathique.
User Review
0 (0 votes)Skull-face Bookseller Honda-san ou Gaikotsu Shotenin Honda-san, est un manga semi-autobiographique écrit et dessiné par le mangaka… Honda-san, sorti en 2015 au Japon. Le josei a été publié pour la première fois sur le site japonais pixiv, dédié aux artistes amateurs, avant d’avoir droit à sa version papier en 2016, par Media Factory, branche du groupe d’édition Kadokawa, cité à plusieurs reprises dans le manga. Alors que la série s’est terminée au Japon en 4 volumes, le premier tome est sorti en France en janvier dernier, aux éditions Soleil sous le titre Libraire jusqu’à l’os.
Une adaptation anime a vu le jour en automne 2018, produit par le studio DLE, grand habitué des séries d’animation déjantées (High Score, Haiyoru! Nyaruani). La série se compose de 12 épisodes de 12 minutes environ chacun, ajouté à cela un OAV sorti en 2019. En France, l’anime est disponible en voix originale sous-titrée sur la plateforme Crunchyroll.
Le pitch
Honda est un squelette passionné qui travaille comme vendeur dans une librairie spécialisée dans les mangas. Mais il mène une guerre, une guerre contre les livres en rupture de stock, une guerre contre les reports et les lecteurs mécontents des retards de livraison, une guerre pour tous ces fans de mangas qui déambulent dans ses rayons à la recherche d’une nouvelle émotion.
Nos amis les libraires
Bienvenue dans une librairie tokyoïte de mangas pas comme les autres ! Honda, représenté sous forme de squelette, livre avec franchise, son point de vue sur son métier passionnant, qu’il exerce depuis de nombreuses années déjà, tant les moments stressants que les anecdotes les plus cocasses. Entre organisation au sein du magasin et demandes incongrues de la part des clients, le personnage a des journées bien remplies. Mais il n’est pas seul et il peut compter sur son équipe de choc, aux personnalités bien distinctes, qui ont elles aussi, le visage masqué.
En effet, l’œuvre originale étant une semi-autobiographie, Honda a souhaité respecter l’anonymat de ses collègues. L’anime met en évidence la nécessité de l’esprit d’équipe dans ce métier éreintant et ici, les libraires se serrent les coudes et débriefent, souvent avec humour, les situations rocambolesques auxquelles ils sont confrontés. Et on y apprend beaucoup de choses. On éprouve facilement de l’empathie pour les difficultés auxquelles les personnages font face. Et à l’inverse, les scènes plus légères et improbables, donnent le sourire.
Être libraire, ce n’est pas seulement conseiller les clients sur un ouvrage ou gérer la caisse, c’est aussi beaucoup de rangement, d’organisation autour de la vente des mangas et des magazines de prépublication, ainsi que du contact humain. Les libraires rencontrent régulièrement d’autres acteurs du monde de l’édition que l’on découvre au fil des épisodes, tels que les éditeurs, chargés de la distribution, et les représentants.
La profession de libraire requiert de la patience, de la persévérance et des nerfs à toute épreuve, mais aussi et surtout : de la passion. C’est ce qui réunit personnel et clients. À ce propos, on note que Skull-face Bookseller Honda-san met en exergue la quasi-omniprésence d’étrangers fans de mangas, signe d’une démocratisation croissante de cet art de la culture japonaise, à l’international.
Mais attention, le spectateur n’apprend pas seulement en quoi consiste le métier de libraire, il apprend aussi le fonctionnement d’une librairie, au Japon, à notre époque. Aussi les comparaisons sont-elles inévitables. Malgré une similarité générale avec la France, on peut constater des différences dans la méthode de vente au pays du Soleil-Levant . Au Japon, le client demande conseil au libraire, tandis qu’en Occident, c’est plutôt le client qui est démarché. Autre remarque : le Boy’s Love est particulièrement tendance au Japon, mode qui se développe de plus en plus en France également.
Un anime qui ne fait pas de vieux os
Parce qu’il est court ! Vous avez compris ? Bref, passons. Les 12 épisodes de Skull-face Bookseller Honda-san n’ont pas vraiment de fil rouge, hormis Honda lui-même. Les épisodes sont découpés en deux, à la façon de Kaguya-sama : Love Is War, de manière à multiplier les mini-histoires autour de la librairie. Le scénario est simple : il ne se concentre que sur l’activité de libraire / auteur de Honda, et non pas sur sa vie personnelle.
L’auteur met ici les choses au clair : c’est le métier de libraire qui est au cœur de l’œuvre, et non pas lui en tant qu’individu. Pour ajouter du réalisme à son manga, Honda n’hésite pas à citer à plusieurs reprises des références mangas et des éditeurs sans vraiment les cacher : on croise Narut*, One Pi* et j’en passe. Cela renforce le côté sympathique de l’anime et ce “fan service” fait plaisir, car volontairement peu subtil.
La série, concentrée sur le monde de l’entreprise au Japon, n’est pas sans faire penser à d’autres animes avec la sphère professionnelle comme décor, à l’instar de Wotaku ni Koi wa Muzukashii et Aggretsuko. Honda décrit avec une grande justesse son métier et ses rouages mais aussi ses observations bienvenues sur les différentes typologies de clients, son adaptation à chacun et la raison de leur venue dans la librairie.
Mon avis sur Skull-face Bookseller Honda-san
L’anime, ou plutôt l’œuvre de Honda, est une réussite à bien des niveaux. Côté design, c’est un régal. Le coup de crayon original de l’auteur est simple et précis. Les personnages sont bien dessinés et l’animation, bien que particulière, agréable. Ajoutez à cela la prestation d’un seiyu impeccable pour incarner Honda, et vous tenez là un bon divertissement.