REVIEW – Doctor Strange

REVIEW – Doctor Strange

REVIEW – Doctor Strange

REVIEW – Doctor Strange C'est bien ?

Vous savez ce qu’il y a de pire lorsque l’on attend impatiemment depuis des mois la sortie d’un film ou un jeu ? Pire qu’être déçu, pire que de ne pas y avoir accès ? Se rendre compte que l’on a pas attendu pour rien et que le média final est superbe. En quoi est-ce mauvais ? Eh bien pour le film ou le jeu en question, rien et c’est tant mieux. Par contre pour les titres sortis précédemment, tout se remet en question…

Alors je vais être direct et c’est un avis de fan-boy totalement conquis qui le dit : Doctor Strange est un bon film. Un très bon film même. C’est un avis on ne peut plus subjectif certes, mais je ne pense pas être le seul à le penser. En tous cas, il y avait une salle de cinéma pleine à craquer qui doit certainement être du même avis, mais cette remarque aussi est bien subjective.

Donc au final : j’ai passé un bon moment, c’était ni trop long, ni trop court, j’ai ri sans me forcer et mon visage est parfois resté inerte ; à cause de quelques plans somptueux qui m’ont laissé douter du fait que le film était oui ou non un Marvel, mais heureusement les scènes d’action m’ont rappelé que c’était bel et bien un long métrage de la licence rachetée par Disney.

Et pour souligner ces propos, je vais citer pas mal d’éléments du film, donc WARNING : SPOILERS AHEAD.

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J’étais en émoi quant à la qualité du film. Mais tu m’as rassuré mon très cher Cumberbatch. Toi et ton pote Scott Derrickson, cela va sans dire.

Chérie, passe la LSD, on va faire un tour.

Doctor Strange, dit vulgairement, ça tourne autour de la « magie« . La vraie magie avec des pouvoirs mystiques, pas celle qui passe chez Patrick Sébastien. Le pitch est assez explicite : le héros est un personnage ayant des capacités ordinaires et apprend par la suite à utiliser des pouvoirs extra-ordinaires. Ajoutez à cela le fait qu’il est un chirurgien mondialement reconnu, qu’il a un ego surdimensionné et qu’il lui arrive un accident qui change radicalement sa vie. Pour le coup, tout le monde connaît, tout le monde a saisi le scénario.

Là où ça devient compliqué, c’est lorsqu’il faut mettre en scène la matérialisation des pouvoirs, de cette « magie ». Allonger ça sur du papier, c’est déjà une prouesse. Le voir défiler à l’écran, c’est autre chose et le réalisateur Scott Derrickson l’a, à mon sens, fait avec brio. Comprenez ici que je ne parle pas de la technicité de la mise en scène, mais des choix qu’il a pris pour nous amener ça sur le grand écran.

En effet, dans la première quinzaine du film, on assiste à des scènes visuellement propres, voire trop propres. Un cadrage un peu bateau pour coller au quotidien du personnage principal, chirurgical, aseptisé, dénué de caractère. Le film embraye alors très vite après l’accident du héros et on fait face à une réalisation qui prend de la hauteur. Arrivent alors des scènes surréalistes lorsque le héros découvre comme nous l’étendu de l’univers, la présence de la magie. S’ensuivent alors des couleurs et des effets d’image à en faire péter la rétine, un peu comme si on se retrouvait autant malmené que le héros face à ses découvertes. Ou comme si j’étais en train de partir en bad-trip sous prod’.

Là vous vous dites pourquoi je raconte tout ça. Eh bien au même titre que ce qu’essaye d’amener cet article, la réalisation de ce film est loin, très loin de ce que je pensais aller voir. Je pensais aller voir un Marvel à la réalisation sommaire et classique du genre et je me suis retrouvé face à un film d’une qualité nettement supérieure. Je n’étais pas prêt, et personne ne m’a prévenu. Le scénario est simple et efficace, la narration est bien ficelée et montre une multitude d’éléments sans traîner sur la longueur. La mise en scène est exemplaire et devrait être un standard pour les films Marvel. Mais ce n’était pas le cas jusqu’alors, ce qui justifie mon étonnement.

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Là, je suis resté bouche bée. Suffisamment longtemps pour laisser couler un trait de bave.

Un Marvel de qualité supérieure. Genre AOC.

La réalisation est de très bonne facture, ce n’est plus vraiment un secret, mais le contenu du film est également excellent. Les acteurs par exemple : Strange, interprété à merveille par Benedict Cumberbatch, transpire d’arrogance, typique du personnage créé par Stan Lee, et parvient à nous atteindre lorsqu’il se met à la recherche de son salut : la magie. L’antagoniste de Strange, Kaecilius, interprété ici par Mads Mikkelsen arrive à être très convaincant en tant que « méchant de comics » à la fois dans les scènes d’actions et dans les scènes de dialogue.

Le film évite également la faute de présenter trop de personnages et nous permet ainsi de mieux nous concentrer sur ceux qui sont réellement importants. On peut voir chaque personnage évoluer dans son sens et ne pas stagner dans leurs positions comme ça peut être le cas pour bien des films estampillés Marvel de ces dernières années. Et ça, c’est vraiment plaisant à regarder.

On sent quand même des éléments issus de fan-service, mais ils ne sont pas ici vecteurs de situations décalées ou « too much ». Le film respecte quand même certains gimmicks comme le caméo de Stan Lee et des références envers d’autres personnages de l’univers Marvel.

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Mads Mikkelsen faisant ce qu’il sait faire de mieux : jouer un méchant loin d’être stupide.

Les sidekicks de Strange ne sont pas effacés dans l’action, et leur présence permet de mieux faire briller les actions du héros. Et ils ne se contentent pas d’être de simples pantins : ils sont doués de personnalités propres et de convictions qui apportent de la crédibilité à l’univers sans rompre le rythme de narration.

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Deux sidekicks, deux points de vues différents. Ils apportent ce qu’il faut à l’histoire sans être envahissants.

On pourrait cependant noter quelques détails comme la manière dont la Cape de Lévitation est introduite dans l’histoire. La Cape faisant partie de l’attirail de Strange dans la suite de ses aventures se voit apparaître en plein milieu d’une scène d’action, renversant alors le cours de la bataille en la faveur du héros. L’insertion de l’objet-personnage est un peu facile mais on peut facilement fermer les yeux dessus.

Objet-personnage car cette Cape, avec un grand C, sera l’origine de plusieurs scènes amusantes et qui permettent de renforcer la relation du personnage principal avec la magie. Par contre, ça ne retirera pas la fixette que je me suis faite : il est arrivé comme un cheveu sur la soupe. Mais c’est pas bien grave.

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Une cape peut-elle faire rire son public sans une seule parole ? Oui. Et pas qu’un peu.

Un pari réussi, quid de la suite ?

Je conseille à quiconque, fan ou pas fan du comics, d’aller voir ce film. L’argument simple est qu’il s’agit d’un très bon film Marvel. L’argument plus travaillé tourne autour de la qualité de la réalisation. Entre les plans inspirés de Matrix ou d’Inception, de quelques bonnes idées scénaristiques pour le genre et un jeu d’acteur adéquat, Doctor Strange montre qu’il est tout à fait possible d’hausser la qualité des films tirés de comics. Un peu comme si le film gueulait « On est en 2016 bordel ! ».

Cette même qualité qui me laisse songeur quant à la suite et qui me questionne aussi sur les réalisations passées. Les films précédents ont-ils manqué de moyens ou d’inspiration pour ne pas être dans la même ligne de qualité que Doctor Strange ? Ou bien étions-nous trop peu regardants sur les récits que l’on consommait ? Ce que je crois surtout, c’est que ça va être difficile de fermer les yeux sur la réalisation des prochains Marvel.

D’ailleurs, un peu à l’image de la réussite des Gardiens de la Galaxie, Doctor Strange se voit offrir déjà les hypothèses d’une suite. Et c’est tant mieux, à condition que la même qualité de réalisation soit respectée !

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