REVIEW – Batman: The Killing Joke

REVIEW – Batman: The Killing Joke

REVIEW – Batman: The Killing Joke

REVIEW – Batman: The Killing Joke C'est bien ?

Qui est le plus fou ? Qui fait le plus peur à l’autre ? Ce sont ces deux questions que pose The Killing Joke.

Batman: The Killing Joke, réalisé par Sam Liu est l’adaptation du comic book écrit par Alan Moore et dessiné par Brian Bolland, The Killing Joke, publié par DC Comics en 1988. Il s’agit d’une des plus sombres histoires de Batman. Enfin surtout de Batgirl.

Le pitch

l’histoire est très proche de celle proposée dans le comic book : tout en apprenant les origines du Joker, nous suivons sa plus incroyable et sombre confrontation avec Batman. Afin de prouver que n’importe qui peut devenir fou en l’espace « d’une mauvaise journée », il tire une balle sur Barbara Gordon, la laisse dans une mare de sang, nue (suggérant alors qu’un viol a eu lieu) puis kidnappe James Gordon et tente de le rendre fou. La fin du comic book, comme celle du film, voit donc Batgirl, handicapée, devenir Oracle.

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Qui est le Joker ?

Là où l’histoire est l’une des plus intéressantes, c’est qu’elle puise dans l’univers sombre laissé par Tim Burton et son premier Batman pour offrir une explication, un sens, au clown du crime, le Joker. Cependant, Alan Moore réussit là où Burton s’est peut-être planté : il donne une histoire au Joker sans lui donner d’identité.

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Dans The Killing Joke, le Joker est un ancien ingénieur qui a quitté son travail pour devenir comédien, rêvant alors de faire rire les gens, ce qu’il considère comme le plus beau métier du monde. Cependant, il ne fait rire personne et peine à trouver un nouveau travail. Alors que sa femme est enceinte et à son 6eme mois de grossesse, le comédien ne voit pas d’autre solution pour sortir sa famille de la misère que d’accepter une (seule) affaire avec la mafia. Afin de garder son identité secrète, la mafia lui fait porter le masque et l’identité de Red Hood (qui n’est pas une personne mais plusieurs). Juste avant de passer à l’action dans les usines dans lesquelles il travaillait lorsqu’il était ingénieur, il apprend que sa femme s’est tuée à cause d’un biberon électronique.

« Il n’y avait qu’une chance sur un million pour que cela arrive ».

L’ancien ingénieur décide alors de ne pas assumer son poste de mafieux d’un soir. Cependant, ces nouveaux collègues l’entendent autrement et le forcent. Alors qu’ils sont dans les usines Ace Chemicals, les mafieux se font tuer. L’apprenti criminel essaye alors de s’échapper. Mais malheureusement pour lui, Batman arrive sur le lieu du crime et espère bien, enfin, pouvoir attraper le fameux Red Hood. Pris de peur, ce dernier tombe dans de l’acide.

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Brûlé, sa peau devient blanche et difforme mais il reste vivant car protégé par le masque. Le personnage se met à rigoler aux éclats, il craque. Le Joker est né. Durant l’ensemble du film Batman: The Killing Joke, le Joker va tenter de prouver (point par point) qu’il n’est pas spécial, que n’importe qui peut céder à la folie, peut péter un câble. Il va donc pousser à bout le Commissaire Gordon puis Batman.

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Une fin controversée

La fin du comic book The Killing Joke est très étrange. Conscient que leurs affrontements multiples ne mènent nulle part, Batman propose au Joker une alternative, un cessez-le-feu. Cependant, le Joker lui répond que c’est impossible car il est allé trop loin, aucune rédemption n’est possible pour lui. Ce dernier raconte alors une blague à Batman. Contre tout attente, cette blague fait rire Batman. Ils rient ensemble aux éclats.

Batman The Killing Joke Review My Geek Actu Fin
1/3

Pourquoi Batman rit-il ?
Alors que le Joker tente de prouver qu’il est aussi fou que lui et qu’il suffirait à Batman de lâcher du lest et de se laisser aller à une petite blague, Batman rigole. Alors que le Joker a tiré sur Barbara, alors qu’il a torturé Gordon, Batman rigole. Alors qu’il propose au Joker d’arrêter leur combat et que celui-ci refuse, Batman rigole. Je vous avoue que pendant longtemps je n’ai pas compris cette fin.

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2/3

Jusqu’à une proposition faite par Grant Morrison en 2013. Selon lui, la véritable « blague qui tue » serait l’assassinat du Joker. En effet, à l’extrême fin, on voit les rires du Joker puis de Batman se mélanger. Le Joker riant « Ahahah » et Batman « Eheheh ». Puis, tout à coup, le rire du Joker s’arrête. Batman aurait alors tué le Joker hors cadre. Cette dernière blague que le Joker fait et qui aurait fait rire Batman serait la fameuse blague du titre « The Killing Joker ». Et elle serait mortelle puisque ce serait à ce moment que Batman tuerait le Joker. D’autant plus qu’une réelle tension monte tout au long du comic book, comme du film. En effet, Barbara est blessée, violée, le Commissaire est torturé, humilié, Batman est impuissant. Pour finir, juste avant l’affrontement final, Gordon précise bien « attrapez-le, mais selon les règles ». Batman répond alors « je vais essayer ». Peut-être n’a-t-il pas réussi. Auquel cas, Batman serait lui aussi un criminel. Ce pourquoi d’ailleurs, ce comic book se voulait être une oeuvre indépendante.

Batman The Killing Joke Review My Geek Actu Fin - copie 2
3/3

Une oeuvre fidèle ?

Le film d’animation The Killing Joke est fidèle à l’oeuvre graphique d’Alan Moore. Toutes les scènes y sont retranscrites à la quasi perfection.
D’ailleurs, au cours d’une scène, Gordon feuillette son album photo des aventures de Batman (WTF ?!) et tombe sur un dessin très amusant puisqu’il s’agit d’une reprise de la première de couverture du tout premier comics Batman dans Detective Comics.

Malgré cela, le film porte quelques ajouts inutiles et erreurs. Commençons par les ajouts inutiles.

Tout d’abord la fameuse scène de sexe entre Batgirl et Batman. Elle n’ajoute RIEN.
Le film propose un nouveau meilleur ami gay à Barbara Gordon qui n’est là que pour la questionner et donner de l’épaisseur à sa relation amoureuse avec la chauve-souris. Et peut-être pour les quotas. D’autant plus que celui-ci est un vrai cliché ! Je l’ai même entendu dire dans la VF « Non mais allô quoi ! ». Sérieux ? Citer Nabilla ? C’est une bonne idée ça vous pensez ? Bref.

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La scène de sexe et l’ensemble de la relation amoureuse entre les deux justiciers n’ajoutent rien d’indispensable au film ni à la tension qui s’en dégage. Le Joker tire sur Barbara puis la laisse complètement nue, laissant penser qu’il l’a violée. C’est quand même tout à fait suffisant ! C’est déjà bien assez malsain comme ça ! D’autant plus que si la scène n’est que très explicitement suggérée, Batgirl ajoute quelques minutes plus tard (en communicant avec Batman par interphone interposé) :

« mais on s’est juste envoyés en l’air, pas besoin d’en faire une histoire »

Alors que l’on sait que Barbara sortira plus tard avec l’un des Robin, en quoi était-ce nécessaire de la faire coucher avec Batman ? Sauf peut-être apporter une bonne dose de glauque à l’ensemble ?

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Autre ajout du film par rapport au comic book : Paris Franz.
Il s’agit d’un méchant mafieux de bas-étage, complètement imbu de sa personne. Celui-ci drague Batgirl, pour qui il éprouve un réel fantasme, de façon très explicite. Cependant, à part ajouter une tension sexuelle supplémentaire, ce personnage ne sert à rien. Le premier tiers du film passé, Barbara l’arrête, le tabasse puis celui-ci est enfermé. Point. On n’entendra plus jamais parler de lui, aucun rapport avec la suite de l’histoire. Il n’aura servi qu’à ajouter une tension qui mènera à la fameuse scène de sexe entre elle et Batman.

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Finissons maintenant par une erreur.
J’imagine bien qu’il ne doit pas s’agir d’une « erreur » à proprement parler mais plus d’un clin d’oeil qui tombe mal. Lorsque Batman retourne dans sa Batcave pour y étudier le cas du Joker, on peut voir sur son écran d’ordinateur plusieurs affaires mêlant le clown. Parmi ces images, on peut voir Jason Todd habillé en Robin tabassé et laissé pour mort.

Seulement voilà : cet événement ne se produit que dans Un deuil dans la famille qui, chronologiquement, n’arrive qu’après. Alors je veux bien qu’il s’agisse d’un hommage… Puisque dans un certain sens, l’oeuvre graphique The Killing Joke aura déterminé bon nombre des histoires qui arriveront au chevalier masqué. Mais quand même… ça reste un bel anachronisme. Sans parler d’autres images tout aussi évocatrices, comme les « poissons Joker » que l’on ne voit que dans Batman et Robin de Grant Morrison qui arrive bien plus tard dans la ligne chronologique.

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Notez d’ailleurs que l’on aperçoit Harley Quinn en bas à gauche alors que, si le film est l’adaptation d’un comic book de 1988, elle n’a été créée qu’en 1992 pour la série animée Batman: The Animated Series.

Mon avis

Je n’en ai pas parlé car cela a été fait des centaines, voire des milliers de fois, lorsque l’oeuvre graphique est sortie : la place laissée à la femme me gêne. Batgirl est un jouet qui doit suivre les ordres de Batman. Malgré cela, elle se donne tout de même à lui.

Mais au dela de cette dimension, The Killing Joke est une vraie pépite dans ce qu’elle aura inspirée l’ensemble des comics suivants. Ce film, quant à lui, fait une proposition en adaptant l’oeuvre originale, tout en essayant parfois très maladroitement d’ajouter quelques scènes et quelque profondeur à l’histoire déjà pourtant bien assez sombre comme ça. Si vous hésitez à regarder ce film, regardez-le. Au moins pour vous faire un avis. Pour ma part, je préfère (et de loin) les films adaptant les histoires de Grant Morrison ou encore Scott Snyder dont le dernier excellent Batman: Bad Blood.

En bref, il faut le voir mais je n’ai pas aimé.

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