Batman v Superman: Dawn of Justice est, en réalité, plus qu’un film, c’est un événement.
Réalisé par Zack Snyder, Batman v Superman : L’Aube de la Justice, distribué par Warner Bros, produit par Charles Roven et écrit par Chris Terrio et David S. Goyer, est un long-métrage basé sur les personnages de DC Comics, Batman et Superman. Le film est le second du DC Cinematic Universe, après Man of Steel.
Le film met en scène Ben Affleck (dans le rôle de Batman), Henry Cavill (en Superman), Amy Adams (Loïs Lane), Jesse Eisenberg (Lex Luthor), Gal Gadot (Wonder Woman) ainsi que Jeremy Irons (Alfred Pennyworth).
Malgré les nombreuses critiques qu’a pu recevoir le film lors de sa sortie, il nous a semblé indispensable de vous proposer une revue la plus objective possible du film.
Pourquoi Batman v Superman ?
Non, ce titre n’est pas ridicule. Non, il n’est pas étrange de voir les deux personnages s’affronter. En réalité, Batman et Superman sont deux éléments indissociables de l’univers DC Comics. Pour cause, ils créent ensemble la Justice League (et plusieurs autres variations) dans les comics. Nous développerons ce point plus en détails plus tard.
Ben Affleck / Batman
Première critique dont a souffert le film, fut le choix de casting visant à remplacer Christian Bale par Ben Affleck dans le rôle mythique de Bruce Wayne, alias Batman. Moi-même fervent détracteur de l’acteur suite à sa prestation dans le très moyen Daredevil, je dois avouer que Ben Affleck incarne à la perfection le chevalier masqué.
Si celui-ci est très crédible en vieux playboy milliardaire (d’une cinquantaine d’années), il l’est encore plus en super-héros abîmé par les années. Cela s’explique peut-être par un masque légèrement plus “ouvert” que celui du Dark Knight de Christopher Nolan, puisque celui-ci s’étend jusqu’au menton et nous permet donc de percevoir de plus nombreuses émotions. Le super-héros inspire la peur chez les malfrats mais aussi chez les spectateurs. Et ça, c’est cool !
Superman : une suite à Man of Steal

Le choix de l’acteur était, bien sûr, évident, Henry Cavill qui était à l’affiche du premier film Man of Steel, garde le rôle du kryptonien.
Si personnellement, je n’étais pas un grand fan de la proposition de Zack Snyder de son Man of Steel, je dois bien reconnaître que l’acteur a, cette fois, un rôle bien plus intéressant et plus profond dans lequel il se montre bien plus humain que divin (un sujet du film).
Une réussite donc.
La rencontre
La rencontre entre Superman et Batman prend du temps. Celle-ci se met lentement en place, à l’instar du scénario et de la manipulation du principal ennemi de cet opus.
Chacun des super-héros sera alors maltraité et manipulé (surtout Batman) afin qu’ils s’affrontent dans un combat quasi-final dantesque, proposant une sorte d’apothéose geek, sorte de rêve éveillé proposé pour la première fois au cinéma. Et c’est en cela que Batman v Superman dépasse le film pour devenir un événement : c’est la première fois que le cinéma rend hommage aux comics en faisant rencontrer deux univers opposés, qui pourtant doivent s’unir.
Cohérence avec les comics
Le film se découpe en plusieurs saynètes qui feront naturellement penser à un découpage typique de comic books.
Le fait est, le film se trouve être assez fidèle aux comics.
Le Batman proposé fait indéniablement référence au chevalier masqué de Frank Miller dans The Dark Knight Returns, un super-héros vieilli, fatigué, plus “badass” que jamais, et dont les névroses ne concernent plus tant la perte de ses parents, mais un réel questionnement sur l’utilité du Batman. Ce pourquoi Ben Affleck dira ces mots :
“If we believe there is even a one percent chance that he is our enemy, we have to to take it as the absolute certainty”.
Cette phrase est beaucoup plus importante que ce qu’on pourrait penser. Car effectivement Bruce Wayne a très peur de cet extraterrestre nommé Superman. À tel point qu’il considère qu’à côté, tout son travail à Gotham n’est rien.
D’ailleurs, petite note geek : lors d’une scène que l’on aurait pu comprendre comme un rêve ou une hallucination, Batman se trouve plongé dans un monde de sable, post-apocalyptique dans lequel il se fait arrêter par Superman, puis se réveille. Non, attendez j’ai oublié un détail… ah oui, on aperçoit un homme courir. Celui-ci ressemble étrangement à Flash ? C’est normal, Flash (et Zoom) peut, grâce à sa vitesse surnaturelle, voyager dans le temps. Ainsi, il peut aller dans l’avenir et dans le passé et prévenir Bruce Wayne (qui est plus ou moins la tête de la Justice League). Que lui dit il ? Qu’il n’avait pas tort, que Superman présent bel et bien une menace. Ce qui est d’ailleurs parfaitement raccord avec les images d’une milice répondant aux ordres de Superman, comme on peut le voir dans les comics Injustice: Gods Among Us. Superman (lorsqu’il retire à Batman son masque) lui demande “Pourquoi elle ? Elle était mon monde”. On pense alors qu’il s’agit de Loïs. Surtout que quelques secondes plus tard, Flash lui-même nous le dit “Loïs, elle est la clé”. Plus de doute à ce niveau, il s’agit bien d’une référence directe à Injustice: Gods Among Us dans lequel Loïs Lane est tuée, et Superman tombe dans une forme de folie et décide de contrôler le monde, ce que Bruce Wayne refuse évidemment.
Mais alors pourquoi The Flash viendrait-il voir Bruce Wayne ?
Jusqu’à la mise en ligne de la bande-annonce du film Justice League, c’était difficile à savoir. Mais maintenant que l’on en sait plus tout est limpide : Bruce Wayne et Barry Allen partageront une relation particulière, presque paternelle, dans les films à venir. Il est donc logique qu’il se tourne vers lui, la personne qui l’a fait entrer dans la Justice League.
Les images que nous avons donc dans cette scène ne sont pas celles d’un rêve mais plutôt celles d’un futur dans lequel l’homme de fer pourrait avoir perdu tout contrôle. Je vous laisse penser au sujet et trouver vous-même les indices (Darkseid, Loïs, le message de Flash, etc.)
Le Batman présenté ici est donc un super-héros fatigué mais également sur ses gardes car il a connu la défaite. Lorsque l’on suit Bruce Wayne et Alfred Pennywoth dans la batcave, on peut apercevoir le costume de Robin avec le tag “Joke’s on you Batman“. Cela fait référence aux comics dans lesquels le second Robin, Jason Todd, est battu et laissé pour mort par le Joker (cf Un deuil dans la famille).
La fin du film fait, quant à elle, référence au comic book “La mort de Superman” dans lequel Superman trouve la mort suite à un combat contre Doomsday (le gros monstre de la fin du film).
Ennemis
Pourquoi parler “des ennemis” du film ?
Il n’y en a réellement qu’un : Lex Luthor, qui contrôle l’ensemble des protagonistes quasiment jusqu’à la fin. Doomsday n’est ici qu’une marionnette créée par Lex afin de mettre en échec Superman (à cause d’un complexe Homme-Dieu et d’une profonde volonté de prouver au monde qu’il est plus intelligent que tout le monde et qu’à ce titre, il peut contrôle l’inhumain).
L’OST
J’ai entendu dire que l’OST avait été critiquée, qu’elle était fade.
C’est une honte ! L’Original Sound Track de Batman v Superman: Dawn of Justice est une petite merveille qui sublime et donne beaucoup d’épaisseur au film. Elle ajoute un réel aspect mystique et épique à l’oeuvre, et ce n’est pas rien. D’ailleurs, le thème de Wonder Woman est tout simplement génial ! Il faut dire que le morceau imaginé et composé par Hans Zimmer et Junkie XL est plus qu’efficace. Je vous laisse juger par vous même :
Pour ma part, je considère que l’OST remplit sa mission. The job is done.
La Justice League ?
Je ne vous en dirai pas plus que ce qui est présent dans le film, allez le voir.
Vous y trouverez de brèves présentations des personnages principaux à venir : Wonder Woman, Flash, Cyborg et Aquaman.
Les limites du film :
Quelles sont les limites du film ? Y-en-a-t-il ? Oh oui, il y en a.
- Tout d’abord le fait que le film passe très rapidement sur de nombreux points, de sorte à créer des ellipses permanentes, considérant que le spectateur sera forcément un fan des univers 1. de Batman et 2. de Superman.
- Le design de Doomsday qui, bien que relativement fidèle aux comics, ne me plaît qu’à moitié. Il faut dire qu’il ressemble à ce qu’on a déjà pu voir dans L’incroyable Hulk.
- D’autre part Jesse Eisenberg interprète Lex Luthor d’un façon parfois assez similaire au Joker d’Heath Ledger, ce qui peut être assez gênant.
Légèrement surjoué, le rôle dépeint un Lex Luthor jeune, fou, brillant, calculateur mais profondément perturbé psychologiquement, ce qui n’était pas forcément indispensable. Petite information : Christopher Nolan fait partie de la production du film. Ce qui pourrait expliquer cette volonté de se rapprocher d’un némésis comme le Joker de Ledger (qui a quand même reçu un Oscar à titre posthume). Pour ma part, j’ai tout de même adoré le personnage. - Loïs Lane. Il s’agit d’un personnage qui certes fait avancer l’histoire, mais qui doit se faire sauver en moyenne 2x par minute. Plus sérieusement, je crois me rappeler de 3 ou 4 fois durant le film où elle nécessite l’aide de son sauveur pour rester en vie. Ce qui est très agaçant car 1. cela crée une sensation de déjà-vu toutes les 30 minutes 2. car cela est indispensable. Il s’agit de la clé.
- Le personnage d’Alfred Pennyworth est très bien interprété, moins plaintif que ne l’était Michael Caine, mais malheureusement un peu sous-exploité.
- Le film est sombre, très sombre. Certains le voient comme une limite du film. Personnellement, cela ne me gêne pas, au contraire.
- Pour finir, le dernier point négatif est également celui qui a le plus énervé les fans. Suite au combat entre les deux héros, une “facilité scénaristique” a été utilisée afin qu’ils finissent par s’allier. Mais voilà, cette “facilité” est brusque et trop rapide. Et ça se sent. Cependant, Snyder avait prévu 3h00 à son film et non 2h30 (durée officielle). Selon moi, il s’agit tout de même d’une bonne idée ! Alors que je suis fan de Batman, je ne m’étais même pas rendu compte qu’effectivement Bruce et Clark ont tous les deux une maman qui s’appelle Martha. Au delà de cette similitude, Batman n’achève pas Superman non pas parce que sa maman à le même nom, mais parce que la phrase “save Martha” le renvoi à son propre code d’honneur en tant que Batman, le renvoi à un échec personnel (la Martha qu’il n’a pu sauver la première fois), etc.
Conclusion
Batman v Superman, contrairement à ce que l’on aurait pu penser au premier abord, n’est PAS un film grand public.
Batman v Superman est un film épique sombre hommage aux comics, hommage aux amoureux de DC et fier doigt d’honneur à l’univers pop et tout public proposé par Marvel. En réalité, le plus gros point fort du film est également son plus gros point faible : il n’est fait que de références aux comics et fera un nombre incalculable d’ellipses, espérant que le spectateur soit assez averti pour les comprendre.
L’objectif de ce film n’est pas de plaire au (grand) public qui a tant adulé The Dark Knight proposé par Christopher Nolan dont le but était de démocratiser le super-héros en l’insérant dans une réalité proche de la nôtre. Ce n’est profondément pas ce qui définit Batman. Batman est un super-héros de comics, il lutte contre le crime dans sa ville, contre des ennemis réalistes (Joker, Harley Quinn, etc.) mais également contre des ennemis surnaturels (Bane, Poison Ivy, Gueule d’argile, Darkseid, etc.). Ce dont nous parlons est d’un super-héros qui sort la nuit déguisé en chauve-souris. C’est tout sauf réaliste. Et ce que Zack Snyder nous propose, c’est justement de respecter le super-héros en tant qu’oeuvre de comics, en tant que personnage de cartoon dans lequel tout ne doit pas être expliqué ou expliquable, car là ne se trouve pas la magie des comics. Mais le réalisateur ne s’arrête pas là, et offre aux deux super-héros une forme de mythologie moderne.